L’organisation lance cet appel alors qu'il vient d’être annoncé que l’unité de police antiémeute qui aurait recouru à une force excessive contre les manifestants allait être dissoute.
«Les mesures concernant la dissolution de la police antiémeute ne doivent pas être utilisées pour permettre aux auteurs d'infractions d’échapper aux conséquences de leurs actes. Les autorités ukrainiennes ne doivent pas fuir leurs responsabilités », a déclaré Heather McGill, spécialiste de l’Ukraine à Amnesty International.
«Chaque allégation doit donner lieu à une véritable enquête indépendante dans les meilleurs délais, et chaque policier soupçonné doit être inculpé.»
Parallèlement, le Parlement ukrainien a fait mardi 25 février une déclaration selon laquelle il acceptait la compétence de la Cour pénale internationale (CPI), et a demandé que des poursuites soient engagées contre l’ancien président, Viktor Ianoukovitch.
Amnesty International estime que tout doit être fait pour que des procédures soient lancées devant les tribunaux ukrainiens en première instance.
Nécessité de mener des enquêtes
«Toute démarche auprès de la CPI doit être complémentaire des enquêtes et procès ouverts par la justice ukrainienne. La justice ne doit pas être sélective. Le nouveau gouvernement doit montrer qu’il est capable d’enquêter sur les violations des droits humains et d’amener leurs auteurs présumés à rendre des comptes devant les tribunaux ukrainiens. La justice doit commencer sur le sol ukrainien», a déclaré Heather McGill.
«Les nouvelles autorités doivent éviter de commettre les mêmes erreurs que le gouvernement précédent et se souvenir de ce qui a poussé des centaines de milliers d’Ukrainiens à descendre dans la rue en novembre 2013 – le désir de voir les droits humains et l'état de droit respectés, et l'impunité prendre fin.»
Le Conseil de l’Europe a proposé d'établir un groupe consultatif indépendant qui superviserait les enquêtes. Amnesty International applaudit cette initiative et demande aux autorités ukrainiennes de la soutenir. Il est clair que certains manifestants ont recouru à la violence.
Témoignages
L’organisation a cependant recensé de nombreux cas dans lesquels des policiers antiémeute ont frappé des manifestants et des passants non violents, leur infligeant des blessures traumatiques. On estime que quelque 800 personnes ont été blessées dans le cadre des manifestations ayant commencé en novembre 2013.
Iryna Rabtcheniouk, une passante non violente, a été frappée par un policier antiémeute le 1er décembre 2013. L'agent lui a mis un coup de matraque au visage, lui occasionnant des blessures traumatiques dont une fracture complexe du nez, ainsi qu’une perte de vision peut-être définitive dans un œil. Iryna Rabtcheniouk et des centaines d’autres personnes méritent d’obtenir justice.
Amnesty International a par ailleurs recueilli des informations sur plusieurs cas dans lesquels des manifestants pacifiques ont été agressés par des milices progouvernementales. Ces groupes, fortement soupçonnés d’entretenir des liens avec les forces de sécurité, doivent être maîtrisés et poursuivis pour leurs agissements.
«Il faut mettre fin à la culture de l’impunité qui prévaut de longue date concernant les violences policières. L’Ukraine a besoin de toute urgence d’un mécanisme indépendant afin d’enquêter sur les violations des droits humains imputées à la police», a déclaré Heather McGill.