Les partipants à la marche des fiertés ont été la cible de violences homophobes, au moins dix manifestants ont été blessés ainsi que cinq policiers. © Amnesty International
Les partipants à la marche des fiertés ont été la cible de violences homophobes, au moins dix manifestants ont été blessés ainsi que cinq policiers. © Amnesty International

Ukraine Les violences entachent la Gay Pride à Kiev

7 juin 2015
Malgré les efforts déployés par la police lors de la marche des fiertés à Kiev, les autorités ukrainiennes n'ont pu contenir les violences homophobes à l'encontre des manifestants. Au moins quinze personnes ont été blessées.

En raison du manque de coordination avec les organisateurs de l’événement et de l’incapacité à mettre en place un plan d’évacuation, une dizaine de manifestants ont été blessés après avoir été attaqués par des contre-manifestants homophobes, malgré la présence d’au moins mille cinq cents policiers et soldats de la garde nationale. Au moins cinq policiers ont également été blessés, dont un grièvement.

Violences homophobes intolérables

«Les violences homophobes qui ont terni les rues de Kiev aujourd’hui étaient terribles. Des mesures auraient dû être prises en amont pour tenter d’empêcher cela. Au lieu de répondre aux menaces violentes en mettant en place des mesures pour garantir la sécurité des participants, la police a pris la décision hier seulement d’assurer leur protection. Si les autorités avaient consacré plus de temps à planifier et coordonner cet événement avec les organisateurs, on aurait sans doute pu éviter des blessés, a déclaré Denis Krivosheev, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

«Les autorités doivent enquêter sur ces agissements et lancer des poursuites contre les responsables présumés, et s’engager à faire davantage pour protéger à l’avenir les membres de la communauté des lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres ou intersexués (LGBTI) contre les agressions.»

Marches précédentes annulées en raison de menaces

En 2012 et 2014, les marches des fiertés à Kiev ont été annulées au dernier moment, la police ayant déclaré au comité organisateur qu’elle ne pouvait assurer la sécurité des participants, au regard des menaces reçues. Cette année, des menaces ont une nouvelle fois été proférées par des groupes radicaux de l’extrême-droite, Svoboda et Pravyi Sektor. La police a rencontré les organisateurs pour tenter de les dissuader de maintenir le défilé, mais a fini par accepter d’en assurer la protection, lors d’une rencontre qui s’est tenue la veille, le 5 juin 2015.

Pour des raisons de sécurité, l’itinéraire de la marche a été tenu secret jusqu’au dernier moment. Le cortège composé de plus de deux cent cinquante personnes s’est mis en marche à 10 heures. Peu après, il était la cible de violences soutenues. La police est intervenue pour protéger les participants et a arrêté au moins vingt-huit contre-manifestants. Toutefois, son intervention s’est parfois révélée insuffisante. Selon un témoin, un cordon de police n’a rien fait pour protéger des observateurs étrangers alors qu’ils étaient pourchassés par une foule violente.

Un événement sensé célébrer l'égalité

«Il est très triste qu’un événement destiné à célébrer l’égalité, la diversité et les droits à la liberté d’expression et de réunion attire ce genre de violences homophobes et que les autorités n’aient pas pris les mesures suffisantes pour protéger les participants, a déclaré Denis Krivosheev. 

«Néanmoins, le fait que la marche ait eu lieu comme prévu montre que l’Ukraine a passé un test important en termes de tolérance. Certes, il ne s’est pas déroulé sans heurt ni sans douleur, et il est clair que le pays a encore un long chemin à parcourir sur la voie menant à une société plus tolérante.»