La protection de la population civile est et reste la principale préoccupation d'Amnesty International. C'est pourquoi nous avons qualifié l'agression de la Russie contre l'Ukraine de « crime international » et l'avons dénoncée très tôt dans le conflit. Au cours des six derniers mois, Amnesty a publié plus d'une douzaine de rapports décrivant en détail les violations et crimes de guerre de l’armée russe :
- Nous avons fait état des attaques aveugles menées par la Russie, notamment à Marioupol, Kharkiv, Odessa, Borodianka et Tchernihiv.
- Nous avons passé des mois sur le terrain en Ukraine et enquêté sur des exécutions extrajudiciaires menées par les forces russes dans des villes et des villages.
- Nous avons dénoncé l'utilisation par la Russie d'armes à sous-munitions largement interdites. Les personnes qui cherchaient refuge dans un jardin d'enfants et une école maternelle n'étaient pas en sécurité.
- Nous continuons à exiger publiquement la condamnation des crimes de guerre commis par les forces armées du président Poutine ; nous demandons que les soldats individuels soient traduits en justice, ainsi que leurs commandants militaires et leurs supérieurs politiques.
- Nous continuons à rassembler et à documenter des preuves de crimes de guerre en Ukraine, contribuant ainsi à jeter les bases de procédures judiciaires afin que les responsables soient traduits en justice.
Vous trouverez les documents produits par Amnesty International sur la guerre en Ukraine sur amnesty.org.
Nos regrets
Amnesty International déplore la douleur et l'indignation provoquées par notre communiqué de presse du 4 août concernant les violations du droit international humanitaire commises par l'Ukraine. Nous reconnaissons également que nous aurions dû détailler davantage le cadre et le contexte du communiqué de presse, y compris la référence aux crimes de guerre et les nombreuses violations commises par l'armée russe lors de l'invasion de l'Ukraine, que nous avons documentées de manière approfondie au cours des six derniers mois. Nous allons également revoir notre analyse et nos conclusions en matière de droit international humanitaire.
Les résultats n'ont pas été communiqués avec la sensibilité et la précision que l'on est en droit d'attendre d'Amnesty. Cela concerne également la communication et la réaction ultérieures du Secrétariat international face aux critiques publiques.
Nous regrettons également que certain∙e∙s de nos collègues de la section ukrainienne aient eu l'impression de ne pas avoir été consulté∙e∙s, de ne pas avoir été suffisamment préparé∙e∙s ou même entendu∙e∙s lors de la rédaction du rapport.
Revoir notre comportement et en tirer les leçons
Un examen approfondi est en cours au niveau international, dans lequel nous souhaitons également nous impliquer activement en tant que section suisse. Il y a de nombreuses leçons à tirer de cette expérience difficile. Il s'agit notamment d'analyser ouvertement les problèmes et questionnements que ce processus a soulevés. À cette fin, nous allons procéder à un examen approfondi et complet du processus qui a conduit à la publication du communiqué de presse.
Nous devons comprendre ce qui n'a pas fonctionné et pourquoi, afin d’intégrer ces conclusions dans notre travail. L'examen sera focalisé sur le processus et les décisions qui ont précédé la publication du communiqué de presse, y compris les recherches effectuées, le processus de préparation du communiqué de presse, l'analyse juridique et politique, et le moment de sa publication. Nous examinerons également les relations de pouvoir et les autres dynamiques culturelles organisationnelles sous-jacentes. Il s'agira de déterminer les leçons à tirer pour améliorer notre impact sur les droits humains.
Des mois de documentation sur les violations des droits humains
Nous condamnons également l'instrumentalisation du communiqué de presse par les autorités russes. Depuis l'invasion russe de l'Ukraine en février dernier, Amnesty International s’est rendue sur place pour documenter les exactions russes et les crimes de guerre.
Amnesty a publié plus d'une douzaine de communiqués de presse, de briefings et de rapports condamnant ces actes et demandant des comptes. L'organisation a également demandé aux forces armées ukrainiennes de prendre des mesures supplémentaires pour protéger la population civile. Comme dans tous les conflits armés, Amnesty International appelle toutes les parties au conflit à prioriser la protection de la population civile et à garantir le droit international humanitaire.
Nous adressons notre solidarité à nos collègues d'Amnesty Ukraine, aux défenseur∙e∙s des droits humains et à la population civile en Ukraine.