Le 30 septembre, une attaque de missile a coûté la vie à 25 personnes, toutes civiles, dans la ville de Zaporijia, à l'Est de l'Ukraine. Des missiles se sont abattus sur un convoi qui acheminait de l'aide humanitaire vers les territoires occupés par les forces russes.
«Cette terrible attaque contre un convoi humanitaire atteste une nouvelle fois du mépris total de la Russie pour les vies civiles en Ukraine», a déclaré Denis Krivosheev, directeur adjoint pour l'Europe de l'Est et l'Asie centrale à Amnesty International. «Les personnes qui apportent une aide humanitaire ne sont pas des cibles militaires et il est choquant de voir de nouvelles vies ruinées par la mort et la destruction gratuites. Il importe que tous les responsables des attaques illégales menées par la Russie en Ukraine soient amenés à rendre compte de leurs actes.»
Amnesty a pu confirmer 23 décès en analysant des photos et des vidéos montrant des vêtements et des signes distinctifs sur les corps des victimes.
Le convoi a été frappé alors qu'il s'apprêtait à se rendre dans une partie de la région occupée par la Russie pour y apporter une aide humanitaire. Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre le personnel, les installations, le matériel, les unités ou les véhicules participant à une mission d'aide humanitaire constitue un crime de guerre.
En analysant des photos et des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, le Laboratoire de preuves du programme Réaction aux crises d'Amnesty International a confirmé que la frappe a touché la file de véhicules civils qui s'étaient rassemblés devant la casse automobile d'Avtorynok, dans la banlieue sud de Zaporijjia, à environ 27,5 kilomètres de la ligne de front. Un cratère près du convoi mesurait environ cinq mètres de large et 2,5 mètres de profondeur, ce qui correspond à l'ogive d'un missile guidé de grande taille.
D’après les médias, au moins 25 personnes ont été tuées et 50 blessées – toutes civiles. Amnesty International a pu confirmer 23 décès de femmes et d’hommes en analysant des photos et des vidéos montrant des vêtements et des signes distinctifs sur les corps des victimes.
Selon les autorités ukrainiennes, 16 missiles ont été tirés sur Zaporijjia ou alentour durant l'attaque, et les enregistrements en ligne indiquent que les sirènes d'alarme du système d'alerte de la défense civile ont retenti à 7 h 11, heure locale, quasi simultanément avec la frappe. Compte tenu de la distance à l'intérieur du territoire sous contrôle ukrainien, des sirènes d'alarme, de la taille et du type de cratère, et du nombre de tirs simultanés, Amnesty International estime qu'il s'agit très probablement d'une attaque des forces militaires russes.
Cette frappe intervient alors que le président russe Vladimir Poutine a annoncé le 30 septembre l’annexion de quatre territoires ukrainiens occupés par les forces russes dans les régions de Donetsk, Kherson, Louhansk et Zaporijjia. Amnesty International avait qualifié d’illégaux les soi-disant référendums ayant précédé cette annonce et leurs résultats de « simulacre », ajoutant que l’annexion de territoires occupés par la Russie constituerait une violation du droit international.
Obligation de rendre des comptes pour les crimes de guerre
Depuis le début du conflit, Amnesty International recueille des informations sur les crimes de guerre et autres violations du droit international humanitaire commis par la Russie dans le cadre de sa guerre d'agression en Ukraine. Vous pouvez cliquer ici pour consulter tous les documents qu’elle a publiés à ce jour – communiqués de presse, rapports, synthèses et enquêtes notamment.
Amnesty International a demandé à maintes reprises que les membres des forces russes et les représentants de l’État responsables de violations des droits humains soient tenus de rendre des comptes et salue l’enquête menée par la Cour pénale internationale (CPI) en Ukraine. L’établissement complet des responsabilités pour la situation actuelle en Ukraine requiert des efforts concertés de la part l'ONU et de ses organes