© Amnesty International
© Amnesty International

Ukraine/Russie Les forces russes mènent des attaques aveugles

Communiqué de presse publié le 25 février 2025, Londres - Genève. Contact du service de presse
L'invasion de l'Ukraine par la Russie est marquée par des attaques aveugles contre des zones civiles mais aussi des frappes contre des infrastructures protégées tels que des hôpitaux. Amnesty International a recensé trois incidents qui auraient coûté la vie à au moins six civils, et en ont blessé au moins 12 autres. Ces attaques indiscriminées violent le droit international humanitaire (les lois de la guerre) et peuvent constituer des crimes de guerre.

«L'armée russe a fait preuve d'un mépris flagrant pour la vie des civils en utilisant des missiles balistiques et d'autres armes explosives à effet généralisé dans des zones densément peuplées», a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International. «Ces attaques peuvent constituer des crimes de guerre. Le gouvernement russe, même s’il prétend n'utiliser que des armes à guidage de précision, doit assumer la responsabilité de ses actes.»

«Ces attaques peuvent constituer des crimes de guerre.» Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International

Amnesty International exige que les troupes russes cessent immédiatement leurs attaques qui violent les lois de la guerre. Le recours à des missiles balistiques et d'autres armes explosives imprécises causant des morts et des blessés parmi les civils est une pratique inexcusable.

Attaques aveugles

Le Crisis Evidence Lab d'Amnesty International a analysé les preuves numériques –notamment des photos, des vidéos et des images satellite– de trois attaques de ce type menées aux premières heures de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le 24 février. Ces attaques ont eu lieu à Vuhledar, Kharkiv et Ouman.

L’attaque la plus meurtrière dont Amnesty International a eu connaissance, a tué quatre civils et blessé dix autres. Un missile balistique s’est abattu vers 10h 30, heure locale, à proximité d'un hôpital de Vuhledar, dans la région de Donetsk (est de l'Ukraine). Selon une source locale qui a parlé aux chercheur·e·s d'Amnesty International, deux femmes et deux hommes ont été tué·e·s, et six membres du personnel soignant figurent parmi les blessé·e·s. En analysant les photos des débris d'armes liés à l'incident, les enquêteur·ice·s d'Amnesty International ont déterminé qu'ils provenaient d’un missile balistique 9M79 «Tochka». Ces pièces d’armement sont réputées imprécises, manquant régulièrement leurs cibles d'un demi-kilomètre ou plus, et ne devraient par conséquent jamais être utilisées dans des zones peuplées.

Les pièces d’armement sont réputées imprécises, manquant régulièrement leurs cibles d'un demi-kilomètre ou plus, et ne devraient par conséquent jamais être utilisées dans des zones peuplées.

Une autre attaque a été menée vers 8 heures du matin, heure locale, dans la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine. La cible était sans doute la base aérienne de Chuhuiv, située à proximité. Mais l'arme russe a frappé un immeuble résidentiel, causant un incendie et tuant au moins un homme et blessant au moins deux femmes. Les images analysées montrent un seul grand cratère dans le sol entre les immeubles d'habitation, indiquant que l'arme était très probablement un missile ou une roquette de forte puissance.

Dans une troisième attaque survenue à 7 heures du matin le même jour à Ouman, dans l’oblast de Cherkasy, un civil semble avoir été tué par une frappe qui a également endommagé un restaurant voisin.

Pour une réunion d’urgence de l'Assemblée générale des Nations unies

Les vérifications effectuées par Amnesty International au sujet du recours à des attaques aveugles par les forces russes dans le cadre de leurs opérations militaires en Ukraine constituent des preuves irréfutables de violations du droit international humanitaire et du droit international relatif aux droits humains.

L’organisation appelle le Conseil de sécurité des Nations unies à se réunir dans le courant de la journée pour discuter de la situation en Ukraine. Il est fort probable que la Russie mettra son veto à toute résolution proposée par les autres États membres. Par conséquent, Amnesty International demande une réunion d'urgence de l'Assemblée générale des Nations unies. «Si le Conseil de sécurité est paralysé par un veto russe, c'est à l'ensemble des membres d'intervenir», a ajouté Agnès Callamard.

«Nous appelons l'Assemblée générale des Nations Unies à se réunir en session d'urgence et à adopter une résolution pour dénoncer l'attaque illégale de la Russie, et pour exiger de celle-ci qu’elle mette un terme à toutes les violations du droit humanitaire et des droits humains. La vie, la sécurité et le bien-être de millions de civils sont en jeu.»