Ukraine Prise de position concernant l'enquête sur les tactiques de combat ukrainiennes

08 août 2022
Le communiqué de presse d'Amnesty International sur les tactiques de combat des forces armées ukrainiennes a suscité l'indignation et la consternation. Amnesty déplore la douleur que notre rapport a provoqué chez les personnes touchées par le conflit, mais soutient les résultats de nos enquêtes. Dans notre travail, nous avons toujours à l'esprit la protection et la sécurité des civils. Le rapport ne justifie en aucun cas les attaques aveugles menées par les troupes russes, qui ont fait d'innombrables victimes.

Depuis le début de l'invasion russe en février 2022, Amnesty International a documenté précisément et condamné les crimes de guerre ainsi que les violations des droits humains commis par l'armée russe en Ukraine. Elle s'est entretenue avec des centaines de victimes et de survivant∙e∙x∙s, dont les récits mettent en lumière la brutale réalité de la guerre d'agression russe.

La priorité d'Amnesty International dans ce conflit armé, comme dans tout autre, est d'assurer la protection de la population civile; c'était notre unique objectif lorsque nous avons publié notre dernier rapport. Nous maintenons nos conclusions, mais comme elles ont suscité une grande consternation et incompréhension, nous souhaitons prendre position sur les déclarations les plus controversées.

Dans notre communiqué de presse, nous avons documenté le fait que dans les 19 villes et villages que nous avons visités, des militaires ukrainiens étaient stationnés à proximité immédiate de la population civile, ce qui les exposait à un risque accru de tirs russes.  Nous avons effectué cette évaluation sur la base des règles du droit international humanitaire, selon lesquelles toutes les parties au conflit doivent éviter autant que possible de placer des cibles militaires dans − ou à proximité de − zones densément peuplées. Les lois de la guerre visent notamment à protéger la population civile, c'est pourquoi Amnesty International exhorte les différents gouvernements à les respecter.

Cela ne signifie pas qu'Amnesty International tient les forces armées ukrainiennes pour responsables des violations commises par les troupes russes, ni que l'armée ukrainienne ne prend pas les précautions qui s'imposent ailleurs dans le pays.

Cette clarification est très importante : rien de ce que nous avons documenté sur le comportement des forces armées ukrainiennes ne justifie les violations ou les crimes de guerre russes, et cela en aucune manière. La Russie est la seule responsable des actes qu'elle a commis contre la population civile ukrainienne. Amnesty a également affirmé à plusieurs reprises que le gouvernement russe était l'agresseur dans cette guerre. Le travail d'Amnesty au cours des six derniers mois et nos nombreuses déclarations et rapports sur les crimes de guerre et les violations du droit international humanitaire commis par la Russie reflètent leur ampleur et la gravité de leur impact sur la population civile.

Amnesty International a informé le gouvernement ukrainien des résultats de ses enquêtes avant de les publier. Dans notre lettre, nous avons fourni des coordonnées GPS et d'autres informations sensibles sur les lieux, y compris les écoles et les hôpitaux, où il a été prouvé que les forces ukrainiennes s'étaient déployées à proximité immédiate de la population civile. Nous n'avons pas publié ces informations dans notre communiqué de presse, car elles représenteraient un risque pour la sécurité tant des forces ukrainiennes que des civils que nous avons interrogés.

Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes, Amnesty a appelé les activistes et les élites politiques du monde entier à exprimer leur solidarité avec le peuple ukrainien par des actions et des mesures concrètes. Amnesty reste aux côtés des personnes qui souffrent du conflit et continuera de s‘engager pour que les responsables soient tenu∙e∙x∙s de rendre des comptes.