« Grâce à des efforts conjoints, le monde commence à préparer une feuille de route vers la justice, une paix durable et la reconstruction de l'Ukraine. Il est essentiel de placer les droits humains au cœur de ce processus » a déclaré Veronika Velch, directrice générale d'Amnesty International Ukraine.
« Les personnes qui, en Ukraine et dans d'autres pays, ont subi des violations des droits humains et du droit international humanitaire du fait de l'occupation et de l'agression russes qui durent depuis l’annexion de la Crimée en 2014 doivent être entendues, et leurs droits à la vérité, à la justice et aux réparations doivent être au cœur de toutes les discussions. Sans cette garantie, il ne sera pas possible de parvenir à une paix durable et juste, et de nouvelles violations risquent de se produire. » Amnesty International demande que les victimes, les groupes à risque et les organisations expertes de la société civile participent à toutes les discussions internationales sur l'avenir de l'Ukraine.
«Il est essentiel que les voix des victimes et de la société civile soient entendues.»Veronika Velch, directrice générale d'Amnesty International Ukraine
« Le coût de la guerre d'agression contre l'Ukraine en termes de droits humains est immense. De nombreuses questions relatives aux droits humains doivent être résolues, telles que le transfert forcé de civils, y compris d'enfants, vers la Russie, la détention arbitraire et illégale de civils ukrainiens et l'obligation de rendre des comptes pour les crimes de guerre. Il est essentiel que les voix des victimes et de la société civile soient entendues », a déclaré Veronika Velch.
Amnesty International estime que les deux réunions doivent aborder de toute urgence les questions suivantes.
- La restauration de l'infrastructure énergétique de l'Ukraine : La Russie a lancé de vastes attaques contre les infrastructures civiles essentielles de l'Ukraine, qui ont visé et détruit des installations énergétiques, privant ainsi la population civile de chauffage, d'électricité, d'eau et de logement. Le fait d'attaquer délibérément des infrastructures civiles, telles que les centrales électriques et l'approvisionnement en électricité, et de causer des dommages considérables aux civils constitue une violation du droit international humanitaire. Les mesures visant à remédier aux dommages causés aux infrastructures énergétiques endommagées, y compris leur remise en état, nécessitent des investissements importants et devraient être mises en œuvre dès que possible.
- Garantir la sécurité alimentaire mondiale : La contribution de l'Ukraine au marché alimentaire mondial en 2021 équivalait à nourrir 400 millions de personnes. Les conséquences de la guerre ont créé de graves menaces pour la sécurité alimentaire mondiale, qui affectent principalement certaines des communautés les plus pauvres du monde, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et les exposent à un risque d'insécurité alimentaire. Il est essentiel que les exportations de céréales de l'Ukraine puissent atteindre ces communautés.
- Retour des enfants et de tous les civils déplacés de force ou déportés en Russie : Les organisations de la société civile ukrainienne et les organisations internationales ont minutieusement recueilli des informations vitales sur ces enfants, sur le lieu où ils se trouvent et sur leurs proches en Ukraine. Il est impératif que ces enfants et ces civils soient renvoyés en Ukraine.
- Libération immédiate de toutes les personnes détenues arbitrairement ou illégalement : Les autorités russes doivent immédiatement libérer tous les détenu·e·s civil·e·s ukrainien·ne·s qui ont été soumis·ses à une détention arbitraire, ainsi que tous les détenu·e·s, prisonniers et prisonnières russes qui ont été arbitrairement détenu·e·s pour s'être opposé·e·s à la guerre. Toutes les charges retenues contre eux doivent également être abandonnées.
- Respecter les droits des prisonniers de guerre garantis par le droit international humanitaire et les droits humains, rapatrier les prisonniers de guerre et enquêter sur tous les abus commis à leur encontre : Les États et les ONG concernées doivent permettre à tous les prisonnier·ère·s de guerre, y compris celleux qui sont malades ou blessé·e·s, de se réadapter après leur rapatriement. Des enquêtes efficaces doivent être menées sur les crimes et les violations des droits des prisonnier·ère·s de guerre en vertu du droit international qui ont pu être commis à leur encontre pendant leur détention, et les responsables doivent être traduit·e·s en justice.
- Garantir la justice et obliger les responsables de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et autres crimes relevant du droit international, ainsi que de violations flagrantes des droits humains à rendre des comptes : Il ne peut y avoir de justice sans une pleine responsabilité pour tous les crimes de droit international et autres violations flagrantes des droits humains commis depuis l'intervention militaire de la Russie en 2014. Cela inclut, par exemple, la suppression de la population non russe et les changements démographiques forcés en Crimée.
- Le déminage humanitaire et l'enlèvement des munitions non explosées : Il s'agit d'une tâche herculéenne qui nécessite le travail coordonné des gouvernements, des organisations indépendantes et des volontaires.
Intégration des réfugié·e·s et compétence universelle
La Suisse doit poursuivre son engagement au-delà de son rôle d’organisatrice d’une des conférences. En tant qu'État partie au Statut de Rome, la Suisse est tenue d'arrêter sur le sol suisse les criminel·le·s de guerre faisant l'objet d'un mandat de recherche de la Cour pénale internationale. Conformément au principe de la compétence universelle, la Suisse devrait non seulement être prête à soutenir les efforts d'enquête, mais aussi à ouvrir elle-même des enquêtes sur les crimes relevant du droit international.
La Suisse devrait accorder aux personnes qui fuient la guerre en Ukraine un statut de séjour sûr qui leur permette de construire une vie dans la dignité et la sécurité dans notre pays. Le statut de protection S est limité dans le temps jusqu'en mars 2025. Cette incertitude affecte les perspectives d'avenir des personnes concernées. Les objecteurs de conscience et les personnes menacées de détention, de torture et d'autres représailles en Russie parce qu'elles s'opposent à la guerre ont également droit à l'asile.
Amnesty appelle en outre la Suisse à soutenir généreusement l'Ukraine par le biais de l’aide humanitaire. Les besoins spécifiques des femmes, des personnes âgées, des personnes handicapées et des enfants devraient être pris en compte en priorité. Le soutien aux personnes vivant en Ukraine ne doit toutefois pas se faire au détriment d'autres régions du monde.