Soulèvement dans le royaume, manifestation du 3 mars 2011 à Awwamiya, Arabie saoudite. © Reuters/Zaki Ghawas
Soulèvement dans le royaume, manifestation du 3 mars 2011 à Awwamiya, Arabie saoudite. © Reuters/Zaki Ghawas

Arabie Saoudite Répression au nom de la sécurité

1 décembre 2011
Les autorités saoudiennes répondent aux manifestations pacifiques de l’opposition par une répression massive. Des centaines de personnes ont été arrêtées pour avoir manifesté et de nombreuses d’entre elles sont criminalisées en tant que « terroristes ». Un nouveau rapport d’Amnesty International demande la fin des détentions illégales et de la torture en Arabie Saoudite.

Les autorités saoudiennes sévissent contre les manifestants et les réformistes depuis le mois de février 2011, au cours duquel des manifestations sporadiques ont débuté dans le pays. Des centaines de personnes ont été arrêtées pour le simple fait d’avoir manifesté pacifiquement. Nombre d’entre elles sont maintenues en détention pendant des mois sans inculpation ni jugement.

«Les manifestants pacifiques et les partisans d’une réforme politique en Arabie saoudite sont pris pour cibles et arrêtés, dans le but d’étouffer tout appel à la réforme qui résonne à travers la région, a indiqué Philip Luther, directeur par intérim du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

Condamnés pour avoir critiqué le roi

Le 22 novembre, 16 hommes, dont neuf réformistes bien connus, ont été condamnés par le tribunal pénal spécial à des peines allant de 5 à 30 ans de prison. Ils ont notamment été déclarés coupables de provocation contre le roi. Les accusés avaient les yeux bandés et les mains menottées durant leur procès, tandis que leur avocat n’était pas autorisé à entrer dans le tribunal pendant certaines audiences.

«Les pratiques employées par le gouvernement saoudien ressemblent fort à celles qu’il met en œuvre contre les personnes accusées de terrorisme», affirme Philip Luther d’Amnesty International.

Selon le nouveau rapport, «Saudi Arabia : Repression in the Name of Security», des milliers de détenus sont inculpés pour des motifs liés au terrorisme, beaucoup d’entre eux sans inculpation ni jugement.

En outre, la torture et les autres mauvais traitements demeurent monnaie courante en détention.

Loi anti-terroriste contre l’opposition

En juillet 2011, Amnesty International a publié l’exemplaire qu’elle s’était procurée d’un projet de loi secret relatif à la lutte contre le terrorisme, qui permettrait aux autorités saoudiennes de poursuivre les actes de dissidence pacifique commes des crimes terroristes et de prolonger la durée de détention sans inculpation ni jugement. Le fait de remettre en cause l’intégrité du roi serait passible d’une peine d’emprisonnement d’au moins 10 ans.

«À moins qu’il ne soit radicalement modifié, le projet de loi relatif à la lutte contre le terrorisme ne ferait qu’aggraver la situation actuelle, car il enracinerait et légaliserait les pires pratiques dont nous rendons compte, a indiqué Philip Luther.


Lisez le rapport «Saudi Arabia : Repression in the Name of Security», (71 pages, en anglais).


Signez la pétition en ligne d’Amnesty International et demandez au roi Abdullah que  la liberté d'expression ne soit pas limitée au nom de la sécurité.