Un tribunal pénal a ordonné l’incarcération d’Abdulkareem Yousef al Khoder. Cet homme de 48 ans est professeur de jurisprudence comparée à la faculté de jurisprudence islamique de l’université de Qasim. Mais surtout, il est un membre fondateur de l'Association saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA).
Aucune raison n’a été fournie pour expliquer son placement en détention. À la suite de cette décision, le juge a refusé de rencontrer l’accusé ou son avocat; le professeur est incarcéré à la prison de Buraydah depuis lors.
«Ce procès n’aurait jamais dû avoir lieu, et les charges retenues contre Abdulkareem Yousef al Khoder semblent être uniquement liées à son travail légitime en faveur des droits humains avec l’ACPRA», a indiqué Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. «Abdulkareem Yousef al Khoder est un prisonnier d'opinion. Il doit être libéré immédiatement et sans condition, et les autorités doivent abandonner les poursuites engagées contre lui.»
Les fondateurs de l’ACPRA victimes de harcèlement
Le 9 mars 2013, les autorités saoudiennes ont ordonné la dissolution complète de l'ACPRA et la confiscation de ses biens. Fondée en 2009, l'ACPRA était devenue l'une des plus éminentes organisations indépendantes de défense des droits humains en Arabie saoudite, qui sont en très petit nombre. Cette organisation a recensé diverses violations des droits humains et aidé de nombreuses familles de personnes détenues sans inculpation à porter plainte contre le ministère de l'Intérieur. Les comptes de l’ACPRA sur les réseaux sociaux ont été fermés le même jour.
Toujours le 9 mars, deux autres éminents défenseurs des droits humains et co-fondateurs de l'ACPRA, Abdullah bin Hamid bin Ali al Hamid, 66 ans, et Mohammad bin Fahad bin Muflih al Qahtani, 47 ans, ont été condamnés respectivement à 10 et à 11 ans d'emprisonnement, assortis d'une interdiction de voyager subséquente pour les mêmes durées. Ils ont été inculpés d’une série d’infractions similaires aux charges retenues contre Abdulkareem Yousef al Khoder. Amnesty International considère ces deux hommes comme des prisonniers d'opinion.
En avril 2012, Mohammed Saleh al Bajady, un autre co-fondateur de cette organisation, a été condamné par un tribunal spécial antiterroriste à quatre ans d'emprisonnement, suivis d'une interdiction de voyager de cinq ans. Cet homme aurait été déclaré coupable d’avoir participé à la création d’une organisation non autorisée, entaché l’image de l’État à travers les médias, encouragé les familles de prisonniers politiques à manifester et à organiser des sit-in, contesté l’indépendance du pouvoir judiciaire et possédé des livres interdits. Il a entamé une grève de la faim en prison en septembre 2012; on est sans nouvelle de lui depuis lors.