En mars 2013, Mohammad al Qahtani et Abdullah al Hamid ont été condamnés respectivement à 10 et 11 ans de prison. Les faits qui leur sont reprochés sont en relation avec leur rôle de co-fondateurs de l’Association saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA); ils ont ainsi été inculpés de désobéissance au souverain, de création d’une organisation interdite, d’incitation au désordre en appelant à des manifestations, et d’atteinte à l’image de l’État en diffusant de fausses informations auprès de groupes étrangers.
Outre ces lourdes peines de prison, leurs condamnations incluent une interdiction de voyager d’une durée équivalente après leur libération. «Les charges retenues contre ces hommes sont totalement injustes. Ces hommes sont des prisonniers d’opinion, et doivent par conséquent être libérés immédiatement et sans condition.», a indiqué Ann Harrison, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International. «Dans cette affaire, le seul coupable est le gouvernement.»
Abdullah al Hamid, qui est diabétique, n’a toujours pas reçu de soins médicaux adaptés et a récemment été transféré à l’hôpital pour une opération à l’œil. Quand les deux hommes ont pu s’entretenir avec leur autre avocat, Mohammad al Qahtani aurait dit à celui-ci: «ces procès sont purement politiques, c’est ce qui ressort clairement des interrogatoires et des procédures, qui portaient principalement sur mes apparitions dans les médias et mes opinions politiques».
Une large opération de répression
«Les persécutions que subissent les défenseurs des droits humains dénotent un mépris alarmant pour les organisations indépendantes. Les autorités saoudiennes doivent cesser de harceler les militants, et permettre aux défenseurs des droits humains de poursuivre librement leur action légitime», a ajouté Ann Harrison.
Dans son jugement de mars, la cour a également ordonné la dissolution de l’ACPRA, la confiscation de ses biens et la fermeture de ses comptes sur les médias sociaux. Trois membres éminents de l’association ont déjà été arrêté, et l’un d’eux purge une peine de plusieurs années de prison. Plusieurs autres membres et fondateurs de l’ACPRA sont visés par une interdiction de voyager et font également l’objet d’enquêtes.
La décision des autorités saoudiennes de dissoudre l’ACPRA s’inscrit dans une opération de répression plus large visant les défenseurs des droits humains, les blogueurs et les opposants. En Arabie Saoudite, l'opposition politique et la liberté d’expression sont fortement restreintes.
Aucune organisation de défense des droits humains indépendante n’est approuvée par le gouvernement, ce qui les contraint à la clandestinité. Quelques organisations non gouvernementales locales de défense des droits humains ont essayé de se faire enregistrer mais ont essuyé un refus et sont obligées de fonctionner sans licence. Des membres de plusieurs d’entre elles ont été arrêtés et incarcérés sous divers prétextes.
Lire le cas d'Abdulkareem Yousef al Khoder, membre de l'ACPRA également incarcéré
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