Amnesty International condamne fermement la politique des autorités saoudiennes qui consiste à réprimer la liberté d'expression, ainsi que les nombreuses condamnations prononcées contre des militants des droits humains depuis le début de 2013. Amnesty International considère Raif Badawi et toutes les autres personnes détenues comme des prisonniers d’opinion, et elle demande leur libération immédiate et inconditionnelle.
Un tribunal pénal de Djedda condamné Raif Badawi pour avoir créé et administré un forum en ligne où ont été publiés des billets anonymes considérés comme offensants à l'égard de l'islam. Raif Badawi a également été déclaré coupable d'avoir insulté des symboles religieux dans des tweets et sur Facebook et d'avoir critiqué le Comité pour la propagation de la vertu et la prévention du vice (CPVPV, également connu sous le nom de police de la religion). Le juge a également ordonné la fermeture du forum en ligne.
Les poursuites engagées contre Raif Badawi et sa condamnation dues au fait qu'il a exprimé ses opinions, notamment en mettant en question l'interprétation officielle de la religion et les pratiques religieuses, représente le dernier exemple en date des tentatives de plus en plus fréquentes des autorités saoudiennes d'empêcher toute forme de liberté d'expression. Depuis le début de l'année 2013, les autorités saoudiennes ont harcelé, intimidé, incarcéré ou condamné plus d'une douzaine de militants des droits humains de premier plan parce qu'ils avaient exercé leur droit à la liberté d'expression, d'association ou de réunion.
Répression de la liberté d'expression sur Internet
Au cours du mois de juin, les autorités ont condamné au moins 11 personnes à des peines d'emprisonnement parce qu'elles avaient exprimé leurs opinions en ligne. Le 24 juin 2013, le tribunal pénal spécial de Dammam a condamné sept hommes à des peines allant de cinq à 10 ans de prison parce qu'ils avaient publié sur Facebook des billets pour soutenir un religieux musulman chiite détenu dans la province de l'Est, où ont lieu des manifestations qui sont réprimées avec une force excessive.
Le fait que des militants soient arrêtés et condamnés en raison du contenu de leurs tweets ou de leurs messages sur Facebook laisse penser que les autorités surveillent étroitement les espaces publics en ligne. Des personnes ont été inculpées pour des «infractions» consistant à prendre contact avec des groupes étrangers – il s'agissait dans de nombreux cas d'organisations internationales de défense des droits humains – ou à stocker et partager des informations sur Internet.