Arabie saoudite Un cybermilitant condamné à mille coups de fouet et dix ans de prison

8 mai 2014
Amnesty International demande aux autorités saoudiennes d'annuler la condamnation choquante prononcée mercredi 7 mai contre Raif Badawi en relation avec le forum de débat public qu'il a créé sur Internet et les accusations selon lesquelles il a insulté l'Islam.

140508_Raif_Badaw_173183i.jpg Raif Badawi avait déjà été condamné en 2012 pour des propos tenus sur son site. © DR

Raif Badawi, cofondateur du site internet Saudi Arabian Liberals, a été condamné à dix ans de prison, mille coups de fouet et une amende d'un montant s'élevant à un million de riyals saoudiens (soit environ 191 000 euros) par le tribunal pénal de Djedda.

«La peine prononcée contre Raif Badawi est scandaleuse. Cet homme est un prisonnier d'opinion qui n'a rien fait d'autre qu'oser créer un forum public de discussion et exercer pacifiquement son droit à la liberté d'expression. Les autorités doivent infirmer ce jugement et le libérer immédiatement et sans condition, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International. Raif Badawi est la dernière victime en date de la campagne féroce visant à réduire au silence les militants pacifiques en Arabie saoudite. Les autorités semblent déterminées à écraser toutes les formes de dissidence par tous les moyens à leur disposition, notamment en infligeant de lourdes peines de prison et des châtiments corporels aux militants.»

Châtiments d’un autre temps

Les châtiments corporels, notamment la flagellation, vont à l’encontre du droit international, qui interdit la torture et les autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Raif Badawi a déjà été incarcéré en 2012 pour avoir enfreint la loi saoudienne sur l'informatique, insulté les autorités religieuses dans ses écrits en ligne et publié les propos d'autres personnes sur son site Internet Saudi Arabian Liberals. Il a été condamné à sept ans de prison et six cent coups de fouet.

Pour en savoir plus, consulter
l'Action urgente lancée en sa faveur par Amnesty International.

En décembre dernier, un tribunal d'appel a annulé sa condamnation et renvoyé l'affaire devant le tribunal pénal de Djedda afin qu'il la réexamine. Raif Badawi a dans un premier temps été inculpé d'«apostasie», qui est considérée comme une infraction grave en Arabie saoudite et est passible de la peine de mort.