En réaction à la décision rendue par le Tribunal pénal spécial d’Arabie saoudite, Lynn Maalouf, directrice adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International, a déclaré:
«En s’abstenant d’annuler la condamnation de Loujain al Hathloul, les autorités saoudiennes montrent clairement qu’elles considèrent le militantisme pacifique comme une infraction et les militant·e·s comme des traîtres ou des espions.» Lynn Maalouf, directrice adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International
«Le jugement rendu le 10 mars illustre une nouvelle fois la volonté des autorités saoudiennes de continuer d’écraser toutes les formes de dissidence dans le pays. En s’abstenant d’annuler la condamnation de Loujain al Hathloul, elles montrent clairement qu’elles considèrent le militantisme pacifique comme une infraction et les militant·e·s comme des traîtres ou des espions.
«Loujain al Hathloul est une défenseure des droits humains courageuse et elle devrait être saluée pour ses actions pacifiques dans le pays – au lieu d’être pointée comme une criminelle.
«Elle a déjà été maintenue près de trois ans en détention arbitraire, subissant des actes de harcèlement sexuel, de torture et d'autres formes de mauvais traitements, et a été placée à l’isolement.
«Ce jugement révèle une nouvelle fois que les engagements publics pris par l’Arabie saoudite envers une réforme des droits humains sonnent bien creux.
«Les autorités saoudiennes doivent immédiatement annuler la condamnation de Loujain al Hathloul, lever l’interdiction de voyager abusive pendant cinq ans dont elle fait l’objet, tout comme sa famille, et veiller à ce qu’elle bénéficie de réparations adéquates pour sa détention arbitraire inique et les violations des droits humains qu’elle a subies. Enfin, elles doivent déférer à la justice ceux qui lui ont infligé torture et mauvais traitements.»
Complément d’information
Loujain al Hathloul a été arrêtée de manière arbitraire en 2018, tout comme 12 autres militant·e·s des droits des femmes détenus uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique.
En décembre 2020, elle a été condamnée à cinq ans et huit mois d’emprisonnement, peine assortie d’un sursis de deux ans et 10 mois, à l’issue d’un procès manifestement inique devant le Tribunal pénal spécial. Elle était inculpée d’«espionnage pour des instances étrangères» et de «conspiration contre le royaume» pour avoir promu les droits des femmes et demandé l’abolition du système de tutelle masculine en Arabie saoudite.
En février 2021, après presque trois années passées derrière les barreaux, Loujain al Hathloul a bénéficié d'une libération assortie d'une mise à l'épreuve. Elle fait actuellement l’objet d’une interdiction de voyager de cinq ans.