Abdallah Salman Mohammad Hassan a déclaré à Amnesty International qu'un ami et lui avaient subi la torture et d’autres formes de mauvais traitements au cours des heures de détention et d’interrogatoire auxquels ils ont été soumis après avoir été arrêtés par la police à Manama, la capitale de Bahreïn, vendredi 18 février.
Des policiers ont donné aux deux hommes des coups de poing et de bâton, puis les ont interrogés au sujet de leur rôle dans le cadre des manifestations, avant de les remettre en liberté sans inculpation samedi 19 dans la soirée.
«Les autorités bahreïnites doivent respecter le droit des citoyens de participer à des manifestations pacifiques et leur permettre d’exercer leur droit à la liberté d’expression sans avoir à craindre de faire l’objet de représailles, d’arrestations arbitraires, de détentions ou d’actes de torture», a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.
«Elles doivent par ailleurs enquêter sur les actes de torture et les autres types de mauvais traitements auxquels Abdallah Salman Mohammad Hassan et son ami auraient été soumis, et obliger les responsables présumés à rendre des comptes.»
Témoignage
Abdallah Salman Mohammad Hassan a raconté à Amnesty International comment son ami et lui, qui étaient alors en voiture, ont été sommés de s’arrêter à hauteur d’un poste de contrôle proche du rond-point de la Perle, à Manama.
Des policiers ont fouillé le véhicule et trouvé un drapeau bahreïnite sur lequel était écrite la phrase suivante: «Nous resterons sur le rond-point des Martyrs [de la Perle] jusqu’à ce que nos demandes soient satisfaites».
Les deux hommes ont été frappés puis emmenés dans un poste de police du quartier d'al Naim, où ils ont de nouveau été brutalisés.
Des policiers ont bandé les yeux d’Abdallah Salman Mohammad Hassan et l'ont frappé à l’aide d’un bâton, après qu’il eut été conduit dans un autre poste de police dans le quartier d’al Gadhaibiya.
Il a déclaré : «Ils m’ont attaché les mains derrière le dos, puis m’ont mis sur une chaise ; j’étais debout sur la chaise. Ils ont ensuite placé mes bras derrière le haut de la porte et ont ôté la chaise de sous mes pieds. Je me suis retrouvé suspendu: mon corps était d’un côté de la porte et mes bras de l’autre. C’était très douloureux.
«J’ai demandé de l’eau et ils ne m’en ont pas donné. Je voulais prier et ils ont refusé. Je n’ai pas dormi. Ils m’ont laissé suspendu à la porte pendant quelques heures.»
Abdallah Salman Mohammad Hassan a été interrogé aux sujet des manifestations et maintenu en détention pendant 30 heures avant d’être libéré.
Il s’est rendu à l’hôpital d’al Salmaniaya afin d’y passer des radiographies et son bras droit a été plâtré. Il a ajouté que son ami avait été relâché plus tôt que lui mais n’a pas donné de détails.
Contexte
Les troubles ont commencé à Bahreïn avec un «Jour de colère» le 14 février, organisé par le biais de Facebook et Twitter et semble-t-il inspiré des actions de protestation populaires en Égypte et en Tunisie.
Au cours de la semaine écoulée, au moins sept personnes ont été tuées et des dizaines, peut-être même des centaines, d’autres ont été blessées par les forces de sécurité, qui ont recouru à une force excessive contre les manifestants avant de se retirer en grande partie de la place de la Perle samedi 19 février.
Lundi 21 février, le roi de Bahreïn a ordonné la libération des prisonniers politiques et d’autres détenus. Les personnes ainsi remises en liberté incluent 23 militants politiques appartenant à l’opposition, qui se trouvaient en détention depuis leur arrestation en août-septembre 2010 et auxquels le rapport fait référence.