À Bahreïn, le procès de militants de l’opposition a été ajourné. Des observateurs indépendants se sont vus refuser l’accès au tribunal.
21 militants bahreïnites de l’opposition inculpés en raison de leur participation aux manifestations antigouvernementales devait passer devant le tribunal militaire. Le procès, ouvert le 12 mai 2011, a été ajourné au 16 mai. Des observateurs indépendants de Frontline et Human Rights First ont été interdits d'entrée au tribunal.
Par ailleurs, le procureur militaire a rejeté une requête émanant de plusieurs accusés qui souhaitaient parler en leur nom propre. Au moment où on le faisait sortir de la salle d'audience, le défenseur des droits humains Abdelhadi al Khawaja aurait crié qu’il avait été menacé et qu’il craignait pour sa vie.
Manifestants accusés de terrorisme
Lors d’une brève audience, les 14 accusés présents au tribunal dans la capitale Manama, le 12 mai, ont nié toutes les charges retenues contre eux. Sept autres sont jugés par contumace.
Les militants, majoritairement chiites, sont inculpés d’une série de crimes qu’ils auraient commis lors des manifestations qui durent depuis plusieurs semaines, notamment d'avoir fondé une organisation terroriste dans le but de renverser le gouvernement sunnite au pouvoir.
Amnesty International invite les autorités bahreïnites à juger ces hommes dans le cadre d’un procès équitable. Elle dénonce les violations de leurs droits légaux fondamentaux et craint que deux d’entre eux, dont l’éminent défenseur des droits humains Abdelhadi al Khawaja, n’aient été torturés lors de leur détention.
«Le gouvernement de Bahreïn a tout mis en œuvre pour dénigrer les accusés et, dans l’état actuel de la situation, ils n’ont guère de chances d’être jugés équitablement, a expliqué Philip Luther, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.
«Les autorités doivent veiller à ce que les allégations de torture fassent l’objet d’enquêtes approfondies, à ce qu’aucune preuve extorquée en usant de ces méthodes ne soit retenue et à ce que les avocats puissent réellement défendre leurs clients.»
Détenus vraisemblablement pour avoir exprimé leurs opinions
Amnesty International estime que nombre des accusés sont sans doute des prisonniers d’opinion détenus uniquement pour avoir exercé leur droit d’exprimer pacifiquement leurs opinions politiques sur la place publique.
Ces hommes, comme des centaines d’autres personnes détenues dans le cadre des manifestations, n’ont pas été autorisés à recevoir la visite de leurs familles. Leurs avocats n’ont pu les rencontrer que de manière très restreinte tout au long de leur détention.