Le 7 novembre 2012, les autorités ont pris une mesure effrayante : elles ont déchu de leur nationalité bahreïnite 31 figures de l'opposition. Selon une déclaration du ministère de l'Intérieur, ces personnes, parmi lesquelles des militants et des personnalités politiques et religieuses, ont été privées de leur nationalité au motif qu'elles avaient « porté atteinte à la sécurité de l'État ».
Depuis quelques mois, un nombre croissant de mineurs âgés de 15 à 18 ans sont détenus dans des prisons et des centres de détention pour adultes à Bahreïn. D’après les avocats et les militants locaux en faveur des droits humains, ils seraient environ 80. Les défenseurs des droits humains et les militants qui dénoncent ces violations font l’objet de harcèlement répété ; certains ont été emprisonnés pour avoir exercé pacifiquement leurs activités et leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion.
Depuis le début de l’année 2012, dans un nombre croissant de rassemblements, les participants auraient lancé des cocktails Molotov et bloqué les routes. Selon le gouvernement, deux policiers sont morts ces dernières semaines après avoir été agressés lors d’émeutes. Ces attaques violentes ne sont pas des formes d’expression protégées par le droit international relatif aux droits humains, et les auteurs présumés peuvent être traduits en justice dans le respect des normes d’équité et d’une procédure légale.
Amnesty International a rendu public une synthèse, Bahrain: reform shelved, repression unleashed est rendu public quelques jours avant le 1er anniversaire de la diffusion du rapport historique de la Commission d'enquête indépendante de Bahreïn (BICI). La commission avait été mise sur pied par les autorités bahreïnites pour enquêter sur les atteintes aux droits humains commises durant les manifestations antigouvernementales de 2011.
Espoirs déçus suite au rapport de la Commission d'enquête
Dans son rapport, la BICI a déclaré le gouvernement responsable de violations flagrantes des droits humains et a recensé de très nombreux cas de violences. Elle a fait une série de recommandations et a notamment préconisé l’ouverture d’enquêtes indépendantes sur les allégations de torture et autres mauvais traitements, et la comparution en justice des responsables présumés.
Après la publication du rapport de la BICI en novembre 2011, le gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre ces recommandations. Au lieu de tenir son engagement, il a rapidement opté pour un durcissement de la répression.
«L’ampleur et la nature des violations perpétrées à Bahreïn depuis que la BICI a fait ses recommandations tournent en dérision le processus de réforme, a estimé Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.
La communauté internationale doit réagir
«Le gouvernement a beau affirmer qu’il veut renforcer l’état de droit et améliorer la situation des droits humains, ces déclarations sonnent creux au regard du processus de réforme moribond.
«Il ne fait plus aucun doute que les autorités de Bahreïn n’ont pas la volonté de mettre en œuvre ce processus. Les manifestations ne font que mettre en lumière le fossé entre leurs discours et la réalité.
«Alors que le pays s’enlise dans des troubles et une instabilité qui menacent de durer, la communauté internationale, et particulièrement les alliés de Bahreïn, ont le devoir de condamner ce qui se passe dans le pays et de ne plus se cacher derrière le rapport de la BICI pour éviter d’avoir à critiquer les autorités.»