Bahreïn Trente-et-un opposants privées de la nationalité bahreïnite

7 novembre 2013
Le ministère de l’Intérieur de Bahreïn doit immédiatement annuler la décision, prise en 2012, de déchoir 31 membres de l’opposition de leur nationalité bahreïnite, a vivement réclamé Amnesty International.

 

Le ministère de l’Intérieur a pris cette mesure extrême le 7 novembre 2012 à l’encontre de 31 militants de l’opposition, tous chiites, en affirmant qu’ils avaient causé «du tort à la sécurité de l’État». Les personnes qui ne bénéficiaient pas d’une double nationalité ont, de fait, été rendues apatrides.

«Le fait de déchoir de leur nationalité les détracteurs du gouvernement montre que les autorités bahreïnites continuent de s’en prendre à tous ceux qu’elles perçoivent comme une menace et de les discréditer. Au lieu de répondre aux critiques qui leur sont adressées, elles n’ont rien trouvé de mieux que de priver des ressortissants bahreïnites de leur nationalité», a déploré Hassiba Hadj-Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

Des représailles risquées

«Le ministère de l’Intérieur doit de toute urgence annuler sa décision et réintégrer ces 31 militants dans la nationalité bahreïnite. Une telle mesure de représailles a un effet dissuasif sur la dissidence pacifique et l’exercice de la liberté d’expression.»

Ces 31 militants incluent deux anciens parlementaires, Jawad et Jalal Fairouz, tous deux membres d’al Wefaq, la principale formation politique chiite du pays. Ils vivent actuellement en exil à Londres.

Parmi les personnes concernées se trouvent également des personnalités religieuses, comme l’ayatollah Hussain al Najati, qui selon certaines informations subirait d’énormes pressions visant à le pousser à quitter Bahreïn, et d’autres militants de l’opposition basés à Londres, qui ont été jugés et condamnés à des peines allant dans plusieurs cas jusqu’à la réclusion à perpétuité.

Respecter les engagements internationaux

Amnesty International a pu constater qu’il est difficile, pour les personnes déchues de la nationalité qui sont restées à Bahreïn, de contester la décision du ministère devant la justice. Certaines d’entre elles ont été contraintes à quitter leur emploi.

La loi bahreïnite de 2006 relative à la lutte contre le terrorisme a été modifiée en juillet 2013. La durée des peines d’emprisonnement pouvant être prononcées a été prolongée de façon radicale et tout individu déclaré coupable d’infractions liées au terrorisme encourt désormais la déchéance de nationalité.

La déchéance de nationalité, lorsqu’elle entraîne l’apatridie, enfreint plusieurs traités internationaux auxquels Bahreïn est partie.