Le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Juan Mendez, s'est dit «profondément déçu» que Bahreïn ait reporté cette visite prévue pour le mois prochain. Le gouvernement a prétexté un retard pris dans le cadre du «dialogue national en cours». «Cette dernière annulation montre clairement que Bahreïn ne prend pas au sérieux la mise en œuvre de réformes relatives aux droits humains. Les autorités répètent le refrain de la réforme afin de créer un écran de fumée, alors qu’en réalité elles n’ont procédé à aucun changement», a souligné Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
Les autorités bahreïnites avaient déjà annulé la venue de Juan Mendez en février 2012 en avançant que le pays faisait «encore l’objet d’importantes réformes». «C’est la deuxième fois que ma visite est reportée au dernier moment. Les autorités semblent voir ma venue comme un obstacle plutôt que comme un facteur positif pour le processus de réforme», a déploré Juan Mendez.
Lors de la dernière session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, 43 États ont critiqué les violations des droits humains persistantes à Bahreïn. Amnesty International continue à demander que justice soit véritablement rendue et que l'obligation de rendre des comptes soit respectée à Bahreïn. «Le gouvernement bahreïnite doit immédiatement libérer l’ensemble des prisonniers d'opinion et mener des enquêtes indépendantes, efficaces et transparentes sur les allégations de torture», a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui. «Il doit par ailleurs traduire en justice toute personne, quel que soit son rang hiérarchique, ayant commis ou ordonné des violations, et s'abstenir de recourir de nouveau à une force injustifiée et excessive contre les manifestants.»