«Les autorités poursuivent sans relâche une implacable répression de la dissidence, a déclaré Said Boumedouha», directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. Les forces de sécurité continuent de recourir à une force excessive pour briser les protestations antigouvernementales.
«Un très grand nombre de personnes, dont des dizaines d'enfants, ont été arrêtées parce qu'elles avaient participé à des manifestations pacifiques l'an dernier. Beaucoup ont affirmé avoir été torturées en détention. Les protestataires doivent pouvoir prendre part à des manifestations pacifiques sans craindre d'être pris pour cible ou de subir des représailles.»
En juillet 2013, le roi de Bahreïn a promulgué un décret aux dispositions draconiennes interdisant pour une durée indéfinie les manifestations, sit-in et rassemblements publics dans la capitale, Manama. La situation des droits humains à Bahreïn n'a cessé de se détériorer au cours des trois années écoulées depuis la répression des manifestations de masse de 2011. Des défenseurs des droits humains et des militants de l'opposition de premier plan ont été arrêtés, dans bien des cas pour la seule raison qu'ils avaient lancé des appels à manifester pacifiquement contre le gouvernement. «Bahreïn est pris dans une spirale de répression depuis trois ans, a déclaré Said Boumedouha, et l'espace de liberté d'expression et de réunion ne cesse de se réduire.»
Les autorités n'ont toujours pas à ce jour mis en œuvre un certain nombre de recommandations importantes émises par la commission d'enquête indépendante de Bahreïn en 2011.
«Aveux» sous la contrainte
Jehad Nabeel al Samee, 10 ans, et Abdullah Yousif al Bahrani, 13 ans, figurent parmi les enfants arrêtés l'an dernier pour avoir pris part à une manifestation. Ces deux garçons ont été interpellés par la police antiémeutes le 16 décembre 2013 lors d'une manifestation près de Manama. Ils ont été inculpés de participation à «un rassemblement illégal et à des émeutes» et d'«attaque contre une patrouille policière à coups de pierres». Abdullah a déclaré qu'il avait été frappé, menacé de décharges électriques et amené par la contrainte à signer des «aveux». Il a nié avoir participé au défilé et avoir lancé des pierres contre les policiers. Les deux garçons ont été remis en liberté, mais restent sous contrôle dans l'attente d'un jugement.
Bien d'autres hommes et femmes, et notamment des journalistes et des militants des droits humains, ont également été pris pour cible.
Militantes des droits humains sous les verrous
La semaine dernière, la peine de deux ans d'emprisonnement prononcée contre Nabeel Rajab a été confirmée. Ce militant des droits humains bien connu avait été condamné pour participation à des «rassemblements illégaux» et «troubles à l'ordre public» en février et mars 2012. Une autre militante, Zainab Al Khawaja, a été condamnée en janvier 2014 à quatre mois d'emprisonnement pour «destruction de biens publics» : elle avait déchiré une photo du roi de Bahreïn. Cette femme est incarcérée depuis février 2013. Elle purge plusieurs peines d'emprisonnement prononcées dans des affaires distinctes. Amnesty International considère Nabeel Rajab et Zainab Al Khawaja comme des prisonniers d'opinion qui ont été pris pour cible en raison de leurs activités de défense des droits humains. L'organisation demande leur remise en liberté immédiate et sans condition.
Amnesty International continue de recevoir des informations sur des cas de torture dans les centres de détention du pays.
Complément d’information
Le 15 janvier le prince héritier de Bahreïn a relancé les pourparlers avec les organisations de l'opposition instaurés dans le cadre du Dialogue national. Celui-ci avait été suspendu après l'arrestation, le 17 septembre 2013, de Khalil al Marzooq, ancien président de la commission des lois du parlement et secrétaire général adjoint d'Al Wefaq, organisation politique autorisée qui représente la population chiite, majoritaire à Bahreïn. Les groupes d'opposition s'étaient alors retiré du Dialogue.