Amnesty International a condamné la sentence de mort prononcée en Égypte contre un homme reconnu coupable d’assassinats motivés par l’intolérance religieuse, et a appelé les autorités égyptiennes à cesser de contourner le système judiciaire classique en passant par les tribunaux d’exception.
«Nous déplorons la mort tragique des six fidèles et du policier, mais nous craignons que, plutôt que de reposer sur les éléments de preuve existants, ce verdict sévère ne soit plutôt destiné à montrer la détermination des autorités à lutter contre la violence interconfessionnelle, en particulier après l’attentat dans une église d’Alexandrie», a déclaré Amnesty International.
Cette condamnation est d’autant plus choquante que l’affaire a été jugée par un tribunal qui ne permet aucun recours, en violation des droits fondamentaux de l’accusé à un procès équitable. Il faut mettre un terme à cette pratique, qui court-circuite le système judiciaire classique.
Zèle des autorités égyptiennes
L’avocat de Mohamed Ahmed Hussein a déclaré à Amnesty International que le procès s’était déroulé dans le respect de la procédure, mais que les éléments retenus contre l’accusé n’avaient rien de probant. Mohamed Ahmed Hussein clame son innocence. Le verdict concernant les deux complices présumés de Mohamed Ahmed Hussein, Qurshi Abu al Haggag et Hindawi El Sayyef Mohamed, est attendu le 20 février.
Sa condamnation survient deux semaines après un attentat à la bombe qui a fait 23 morts dans une église copte d’Alexandrie, le 1er janvier 2011. Amnesty International craint que les autorités égyptiennes ne cherchent à apaiser les tensions entre communautés religieuses en faisant preuve de fermeté à l’égard de la violence interconfessionnelle.
«La peine de mort ne doit pas être utilisée pour lutter contre les violences motivées par l’intolérance religieuse et n’empêchera certainement pas de nouveaux actes de violence, a souligné Amnesty International. Les autorités égyptiennes devraient commencer par lever toutes les restrictions juridiques et autres imposées aux coptes et aux autres minorités religieuses.»