Des représentants d’Amnesty ont vu des policiers antiémeutes donner l’assaut contre des manifestants sur la place Tahrir, lancer du gaz lacrymogène de manière aveugle, frapper des manifestants au moyen de matraques et tirer des coups de feu. Des manifestants ont jeté des cailloux et quelques cocktails Molotov.
Le ministère de la Santé et de la Population a indiqué que plus d’un millier de personnes avaient été blessées, dont 40 agents des forces de sécurité.
«Ces méthodes brutales rappellent les violences du mois de janvier et mettent en évidence l’incapacité [des forces de sécurité] à gérer les manifestations, ce qui est inquiétant à la veille des appels à des rassemblements de grande ampleur le 8 juillet 2011. Ces derniers événements mettent en lumière la nécessité pressante d’une réforme des forces de sécurité qui permettrait à celles-ci de gagner progressivement la confiance des Égyptiens, a expliqué Amnesty International.
«De nombreuses personnes souhaitent que l’état de droit soit respecté, mais cela ne peut être fait en réprimant les manifestants ou en ignorant les victimes qui réclament justice pour les violences qu’elles ont subies lors des grands rassemblements du début de l’année.»
Mardi 28 juin, près du théâtre Al Balloon, les forces de sécurité ont violemment dispersé des proches des personnes tuées lors de la « Révolution du 25 janvier » qui avaient prévu une cérémonie en hommage aux victimes. Cet événement semble avoir été l’élément déclencheur des récentes manifestations. Les familles présentes voulaient en encourager d’autres à se joindre à elles pour un sit-in qui se déroulait devant les locaux de la télévision d’État, au Caire, depuis le 24 juin.
La mère d’Ahmed Zein Al Abidin, une victime qui habitait le quartier d’Al Amiria, aurait été arrêtée au moment de la dispersion.
Amal Shaker Mohamed Seliman a déclaré à Amnesty International qu’elle avait été insultée et rouée de coups de poing par un agent au poste de police d’Al Agouza.
Son fils Mohamed Zein Al Abdini, âgé de 22 ans, risque d’être poursuivi devant un tribunal militaire. Ce jeune homme a également été arrêté lors de la dispersion. Sa mère a indiqué à Amnesty International qu’il avait été battu en pleine rue par des agents des forces de sécurité et des hommes en civil.
Les familles des victimes et les personnes qui les soutiennent n’ont pas été satisfaites du déroulement des procès d’anciens officiers supérieurs et ont été frustrées de constater que des policiers moins gradés, soupçonnés d’avoir tué des manifestants, avaient conservé leur poste.
Dans la soirée du mardi 28 juin, des affrontements ont éclaté entre les forces de sécurité et des manifestants sur la place Tahrir et dans les rues menant au ministère de l’Intérieur. Ils se sont poursuivis toute la journée du mercredi 29 juin.
Des représentants d’Amnesty International ont pu s’entretenir avec des professionnels de la santé, ainsi qu’avec des manifestants et des agents des forces de sécurité blessés.
Les manifestants souffraient notamment de blessures par balle au dos, aux bras et aux yeux, ainsi que de brûlures et de plaies provoquées par les grenades lacrymogènes.
Les agents des forces de sécurité présentaient, quant à eux, des brûlures et des ecchymoses, ainsi que des blessures à la tête et aux jambes causées par les jets de pierre.
«Nous sommes également préoccupés par les informations selon lesquelles les manifestants arrêtés au cours des affrontements pourraient être jugés par des tribunaux militaires, a ajouté Amnesty International.
«Des civils ne doivent en aucun cas être traduits devant des juridictions militaires, et tous les manifestants détenus doivent bénéficier d’un procès équitable et conforme aux normes internationales ou être libérés.»