Egypte La libération du blogueur Maikel Nabil met fin à une «épreuve cruelle»

24 janvier 2012
La libération d'un blogueur et prisonnier d'opinion égyptien, condamné à l'issue d'un procès manifestement inique, a enfin eu lieu.

196_nabil.jpg Maikel Nabil a passé 10 mois en prison sans justification légale. © DR

«Nous nous réjouissons vivement de ce que la terrible épreuve vécue par Maikel Nabil aux mains du Conseil militaire ait pris fin, a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International.

«Cependant, sa vie a été gâchée pendant 10 longs mois. Maikel Nabil n'aurait jamais dû être arrêté. Il convient d'effacer les condamnations inscrites sur son casier judiciaire et de lui accorder des réparations pour ce calvaire.

«Tout au long de son procès, les autorités égyptiennes ont fait preuve d'un total mépris envers ses droits. Il semble qu'elles aient parfois joué avec sa vie, en laissant son état de santé se dégrader à un point tel que beaucoup craignaient pour sa vie.

«Le Conseil suprême des forces armées aurait dû libérer Maikel Nabil il y a longtemps. Il est honteux de constater qu'il s'y résout maintenant pour échapper aux critiques à l'occasion de l'anniversaire du 25 janvier.»

Retour sur les faits qui ont conduit à la condamnation de Maikel Nabil

Après avoir été appréhendé à son domicile, au Caire, le 28 mars 2011, le blogueur Maikel Nabil a été condamné le 10 avril 2011 par un tribunal militaire à trois ans de prison pour avoir critiqué le recours de l'armée égyptienne à la force face aux manifestants sur la place Tahrir et parlé de son objection au service militaire.

Il a entamé une grève de la faim en août 2011 et n'ingérait plus que des liquides, ce qui lui a fait perdre beaucoup de poids; les autorités pénitentiaires ont alors refusé de lui fournir les médicaments dont il a besoin pour ses problèmes cardiaques.

Durant le procès, le tribunal militaire a cependant refusé de le remettre en liberté, même provisoirement, pour qu'il puisse recevoir des soins médicaux.

En décembre 2011, il a été condamné à une peine de deux ans d'emprisonnement à l'issue d'un nouveau procès. Le 21 janvier 2012, le Conseil suprême des forces armées a annoncé qu'il serait gracié, tout comme près de 2 000 autres prisonniers condamnés par des tribunaux militaires.

Plus de 12 000 civils condamnés lors de procès iniques

En août 2011, le Conseil suprême a reconnu que près de 12 000 civils dans le pays avaient comparu devant des tribunaux militaires, et ce dans le cadre de procès manifestement iniques. Au moins 13 d'entre eux ont été condamnés à mort.

Amnesty International estime que ce type de procédure viole les obligations fondamentales de respect de la légalité et d'équité des procès.

«Il est choquant de constater que sous l'autorité du Conseil suprême des forces armées les tribunaux militaires ont jugé plus de civils en un an que sous les 30 années du régime de Hosni Moubarak», a conclu Hassiba Hadj-Sahraoui.