Dans plusieurs cas recensés par l’organisation, des manifestants n’ont pas été autorisés à contacter leur avocat ou leurs proches dans un délai raisonnable, ni à contester la légalité de leur maintien en détention après leur arrestation.
L’égalité devant la loi est un droit
«Tous les citoyens doivent être égaux devant la loi. Il est inacceptable que des sympathisants de Mohamed Morsi ou des Frères musulmans soient traités de manière inéquitable en raison de leurs affiliations politiques», a souligné Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International.
Depuis le 3 juillet 2013, les forces de sécurité ont arrêté au moins 3 000 individus, pour la plupart des sympathisants ou des membres des Frères musulmans, selon des avocats les représentant.
Libertés d’expression et de réunion bafouées
L’organisation déplore que figurent parmi les personnes arrêtées des hommes et des femmes qui ne faisaient rien d'autre qu'exercer leur droit à la liberté d'expression et de réunion en manifestant en faveur du président déchu Mohamed Morsi.
Beaucoup sont inculpées de toute une série d'infractions graves, notamment de meurtre, d'agressions contre les forces de sécurité, de détention d'armes et d'incitation au meurtre et à d'autres formes de violence.
«Il faut libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes incarcérées uniquement pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté de réunion, d’association ou d’expression. Les autorités doivent par ailleurs respecter scrupuleusement le droit de tous les détenus à un procès équitable», a précisé Philip Luther.
Des avocats impuissants
Un grand nombre de manifestants arrêtés lorsque les sit-ins de Rabaa al Adawiya et de Nahda ont été dispersés le 14 août 2013 n'ont pas pu contacter leurs avocats pendant au moins quatre jours. Les avocats des Frères musulmans ont déclaré qu’ils n'avaient pas pu suivre les enquêtes parce que les interrogatoires avaient eu lieu pendant le couvre-feu, ou qu'ils n’avaient pas été informés du lieu où se trouvait leur client ou encore de la date et de l’heure des investigations.
«Empêcher les détenus de recevoir une assistance juridique est une grave violation des droits humains.
«Empêcher les détenus de recevoir une assistance juridique est une grave violation des droits humains. Toutes les personnes arrêtées doivent se voir offrir une véritable possibilité d’être entendues par un représentant de l'administration judiciaire en présence d'un avocat, et pouvoir être jugées dans un délai raisonnable ou être libérées», a indiqué Philip Luther.
Assistance médicale refusée
Parmi les personnes arrêtées ce même mois lors de la flambée de violence sur la place Ramsès figurent 80 personnes. Ils ont été répartis entre deux cellules conçues pour accueillir un maximum de 20 détenus. Trois femmes ont été incarcérées séparément.
L'une d'entre elles souffrait d’une fracture à la jambe, et a passé quatre jours en détention sans que les autorités carcérales n’autorisent son hospitalisation ni ne lui permettent de voir un médecin. Elle a uniquement été hospitalisée sur l’ordre du procureur, à la suite du renouvellement de son mandat de dépôt.
Au moins 30 personnes arrêtées lors d'affrontements à proximité du tribunal de Gizeh nord le 16 août se trouvent toujours en détention dans des lieux inconnus.
Complément d'information
Depuis le 3 juillet 2013, les forces de sécurité ont arrêté au moins 3 000 personnes et en ont libéré 600. D’après des avocats, au moins 2 200 personnes se trouvent toujours dans les prisons de Tora, d’Abu Zabaal, de la cour d’appel du Caire, de Wadi El Natroon et d’El Kanater, ainsi que dans le camp des forces centrales de sécurité d’Al Salam, au Caire.
Les arrestations ont eu lieu après que les forces de sécurité aient eu recouru à une force excessive pour réprimer les manifestations pro-Morsi ou à la suite d'affrontements armés entre camps rivaux au Caire, notamment dans les secteurs d'Al Moqattam (30 juin 2013), du Club de la garde républicaine (5 et 8 juillet), non loin du mausolée du soldat inconnu (27 juillet), et lors de l’évacuation des sit-ins de Rabaa al Adawiya et de Nahda (14 août), et de la place Ramsès (16 août).