Au Caire, des graffitis condamnent les exactions de la police© AI
Au Caire, des graffitis condamnent les exactions de la police © AI

Egypte La police doit être contrôlée pour éviter de nouvelles effusions de sang

De nouveaux éléments prouvent que les forces de sécurité ont de nouveau utilisé de manière injustifiée des balles réelles et une force excessive. La preuve qu’une réforme de la police est nécessaire, a déclaré Amnesty International après un week-end de violences qui a causé la mort de 90 personnes.

Les forces de sécurité ont tué 80 personnes en utilisant des balles réelles et du gaz lacrymogène pour disperser des partisans du président déchu Mohamed Morsi qui manifestaient. Dix autres personnes ont été tuées par balle lors d'affrontements à Alexandrie. «Ces récentes effusions de sang doivent servir de signal d'alarme aux autorités égyptiennes concernant l'urgence d’une réforme de la police», a déclaré Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

Le ministère de l'Intérieur a nié l'utilisation de balles réelles pour la dispersion des manifestants le 27 juillet. Cependant, les explications des manifestants blessés et des témoins, ainsi que les données médicales et des séquences vidéo recueillies et examinées par Amnesty International, jettent le doute sur cette version des faits. Les médecins de l'hôpital de l'université al Hussein ont déclaré que 60 % des victimes avaient été touchées dans le dos.

«Encore une fois, les forces de sécurité égyptiennes ont eu recours à la force meurtrière, avec un mépris total pour la vie humaine. Elles ne doivent pas faire usage d'armes à feu contre des personnes, sauf en cas de légitime défense ou pour défendre des tiers contre une menace imminente de mort ou de blessure grave», a déclaré Philip Luther.

Abdelrahman Koury, un manifestant de 22 ans qui a reçu une balle dans l'épaule le samedi matin, a déclaré à Amnesty International: «Les forces de sécurité tiraient sans discontinuer [...] Les gens s'effondraient tout autour de moi.»

L'impunité et l'absence de consignes expliquent les violences policières

Amnesty International appelle les autorités égyptiennes à mettre la législation régissant les forces de sécurité en conformité avec les normes internationales relatives aux droits humains. «Les forces de sécurité ne peuvent pas continuer d'opérer dans un climat d'impunité totale. Le nouveau gouvernement doit donner la priorité aux réformes qui s'imposent depuis longtemps déjà dans le domaine de la sécurité. Les méthodes de régulation des manifestations doivent changer pour éviter toute nouvelle effusion de sang.»

Dans l'immédiat, les autorités égyptiennes doivent donner des instructions claires aux forces de sécurité, afin que celles-ci s'abstiennent de recourir à la force de manière disproportionnée, a déclaré l'organisation.

Outre les violations commises par les forces de sécurité contre les partisans de Mohamed Morsi, on a également appris que des partisans du président déchu avait capturé et torturé des personnes associées au camp anti-Morsi. Au Caire, le personnel de la morgue a déclaré que, depuis les violences politiques qui ont commencé le mois dernier, huit corps portant des marques de torture ont été amenés. Tous provenaient des environs des sit-in pro-Morsi. Dimanche, deux personnes ont été retrouvées dans une poubelle près de la place Rabaa al Adawiya, toute deux présentaient des marques de torture. Une seule a survécu.

Communiqué de presse publié le 31 juillet 2013, Londres-Lausanne
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