Les violences ont démarré à trois heures du matin, peu après la découverte du cadavre d’un musulman non loin d’habitations de chrétiens. Sa famille a accusé un copte du quartier d’être responsable de sa mort. Une foule en colère, armée de barres métalliques, de couteaux, de branches d’arbre et de marteaux, a pris d’assaut des maisons et des commerces appartenant à des Coptes à Nagah Hassan, à 18 kilomètres à l’ouest de Louxor. À midi, plus de 100 maisons de familles chrétiennes avaient été attaquées, et notamment pillées et incendiées. Au total, quatre chrétiens coptes ont été tués et quatre autres grièvement blessés.
Des habitants du quartier ont affirmé avoir appelé les numéros d’urgence de la police et de l’armée pendant toute la journée, mais en vain. Les forces de sécurité présentes sur les lieux n’ont que timidement tenté de mettre fin aux violences et les renforts suffisants ne sont pas arrivés. «L’attaque a duré 18 heures, et j’ai frappé à toutes les portes sans exception : la police, l’armée, les dirigeants locaux, les Forces centrales de sécurité, le gouvernorat. Personne n’a rien fait», a indiqué le père Barsilious, prêtre de Dabiya.
«Il est scandaleux que cette attaque ait pu se dérouler sans intervention. Amnesty International a recensé par le passé toute une série de cas où les forces de sécurité égyptiennes ont recouru à une force inutile ou ont utilisé des balles réelles lors de manifestations; pourtant, cette fois-ci, elles n’ont pas bougé, alors même que des vies étaient menacées, a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.
Une communauté régulièrement discriminée
La discrimination envers les chrétiens coptes est omniprésente en Égypte depuis des décennies. Sous le régime du président Hosni Moubarak, au moins 15 attaques de grande ampleur ciblant les coptes ont été recensées, et la situation ne s'est pas améliorée avec l'élection du président Mohamed Morsi. Au moins six attaques contre des églises ou des bâtiments coptes ont eu lieu en 2013.
«Les violences interconfessionnelles qui se poursuivent en Égypte sont une tache indélébile sur le bilan des gouvernements successifs qui, à plusieurs reprises, n’ont pas réussi à mettre fin aux attaques visant les minorités. Il importe que des mesures immédiates soient prises afin de garantir la sécurité des chrétiens coptes et des minorités, a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International. «Ces derniers événements seront un test pour la volonté politique des nouvelles autorités égyptiennes, et leur capacité à rompre une bonne fois pour toutes avec l’inaction et l’injustice»