Egypte Une police inapte qui manque à son devoir

29 juillet 2013
Les forces de sécurité semblent inaptes à assurer la protection des manifestants. Les partisans comme les détracteurs de l’ancien président Morsi ont connu des pertes civiles.

Plus de 180 personnes ont été tuées dans des affrontements et d'autres violences politiques depuis les manifestations de masse qui réclamaient le départ du président Morsi. Depuis lors, l'escalade de la violence entre partisans et adversaires du président déchu ne cesse d'alourdir le bilan en vies humaines. Par exemple, lors d'un rassemblement pro-Morsi, les forces de sécurité ont laissé faire des agresseurs non identifiés qui ont attaqué les manifestants. Deux jeunes femmes et une fillette ont été tuées par balles. Frappée à la tête, une autre manifestante a été grièvement blessée.

Israa Lotfy Youssef, une étudiante âgée de 18 ans, est l'une des personnes tuées à Guizeh. La jeune fille participait à un sit-in pro-Morsi, et priait avec le reste de sa famille. «Vers 5 heures, a expliqué son frère à Amnesty International, nous avons entendu des coups de feu ; les gens se sont mis à crier et ont dit que les tirs venaient de la faculté des sciences de l'ingénieur. À ce moment-là, dans la confusion, ma mère est retournée sous la tente et elle a découvert Israa à terre, baignant dans une mare de son propre sang.»

«Les forces de sécurité se sont montrées à maintes reprises incapables de protéger les civils contre les attaques d'agresseurs armés, a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International. Elles ne sont pas davantage intervenues de manière efficace lorsqu'il s'agissait de mettre un terme à des heurts violents entre groupes rivaux. Si les forces de sécurité continuent à ne pas assurer correctement le maintien de l'ordre lors des manifestations politiques rivales, le nombre de victimes va augmenter encore et les violations des droits humains s’intensifier davantage.»

Amnesty International a relevé de nombreux cas d'usage d'armes à feu, aussi bien par des partisans que par des adversaires du président déchu. L'organisation demande instamment aux dirigeants politiques de tous bords de dénoncer les atteintes aux droits humains commises par leurs sympathisants, et d'appeler ces derniers à ne plus agresser les manifestants rivaux.

L'insécurité ne persiste pas seulement au Caire, elle s’est étendue au reste du pays. Dans le nord du Sinaï, les attaques armées contre des postes de police et contre les forces de sécurité se sont multipliées depuis l'éviction du président Morsi, et auraient causé la mort de plus de 30 personnes.