Les autorités égyptiennes effectuent régulièrement des descentes arbitraires dans les ONG. C’était le cas durant l’ère Moubarak et cela l’est resté au lendemain du soulèvement de 2011. © Amnesty International
Les autorités égyptiennes effectuent régulièrement des descentes arbitraires dans les ONG. C’était le cas durant l’ère Moubarak et cela l’est resté au lendemain du soulèvement de 2011. © Amnesty International

Égypte Les autorités s’en prennent une nouvelle fois aux médias indépendants

22 octobre 2015
Les employés d’une ONG de journalisme ont été arrêtés, mercredi 21 octobre, à la suite d’une descente armée dans leurs locaux par les forces de sécurité égyptiennes. Selon Amnesty International, cet incident atteste d’une intensification dangereuse de la répression menée par les autorités égyptiennes contre la liberté d'expression et d’association.

Des membres des forces de sécurité portant des armes à feu et des masques ont attaqué les locaux de la Fondation Mada mercredi 21 octobre 2015 au matin et ont arrêté tous les employés présents. Les motifs de ce raid ne sont pas clairs mais, selon des informations obtenues par Amnesty International, les forces de sécurité n’ont pas présenté de mandat de perquisition ni de mandat d’arrêt délivré par le parquet, ainsi que le requiert le droit égyptien.

Le journalisme indépendant considéré comme une menace

«Effectuer une descente armée contre une ONG qui œuvre au développement des compétences des journalistes indique clairement que le journalisme indépendant et les activités de la société civile ne sont pas tolérés dans l’Égypte d’aujourd’hui. Il s’agit d’une attaque illégale qui présente toutes les apparences d’une nouvelle tentative d’écraser le journalisme indépendant dans le pays», a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.

«Les professionnels des médias et les employés des ONG doivent pouvoir effectuer leur travail légitime sans crainte, menaces, ni harcèlement. Les autorités égyptiennes doivent expliquer pourquoi elles s’en sont prises à cette ONG, et libérer immédiatement quiconque est détenu pour avoir exercé pacifiquement ses droits à la liberté d’expression et d’association.»

Hommes maintenus en détention

Les forces de sécurité ont fait irruption à l’ONG peu après que des policiers en civil sont arrivés dans les locaux et ont demandé à rencontrer le directeur de l’organisation, Hisham Gaffar. Ils ont fracturé le coffre-fort et confisqué des documents et des équipements qui se trouvaient dans le bureau. Les femmes travaillant sur place ont plus tard été autorisées à partir mais une vingtaine d’hommes, y compris des agents de nettoyage, des gardiens de sécurité et même un livreur de restauration sont maintenus en détention dans le bâtiment.  

ONG attaquées à plusieurs reprises

Hisham Gaffar a plus tard été conduit à son domicile par des membres des forces de sécurité, qui se sont alors mis à fouiller les lieux. Lorsque son fils est arrivé au bureau, les forces de sécurité l’ont frappé et arrêté. Les autorités égyptiennes ont la mauvaise habitude d’effectuer des descentes arbitraires dans les ONG. C’était le cas durant l’ère Moubarak et cela l’est resté au lendemain du soulèvement de 2011. Des ONG ont été attaquées à plusieurs reprises, et leurs employés arrêtés et emmenés dans des lieux inconnus où ils ont été maltraités.

La Fondation Mada pour le développement des médias est une ONG qui travaille au renforcement des capacités des journalistes locaux.