7 fait essentiels L'Égypte au lendemain du Printemps arabe

25 janvier 2016
Cinq ans après la «Révolution du 25 janvier», les autorités égyptiennes répriment toujours leur population. En octobre 2015, de nouvelles lois répressives ont été adoptées limitant drastiquement la liberté d'expression et de réunion. Retour sur sept faits essentiels.

 

  1. Lorsque la «Révolution du 25 janvier» éclate en 2011, les forces de sécurité égyptiennes – policiers antiémeutes, snipers de la police et agents des forces de sécurité en civil notamment – ainsi que des «voyous» à la solde des partisans du dirigeant Hosni Moubarak, répondent avec violence : parmi les manifestants, au moins 840 morts et plus de 6 000 blessés en 18 jours.
  1. En juillet 2013, l'armée soutient le renversement de Mohamed Morsi, le président égyptien élu, un an seulement après son arrivée au pouvoir. Elle lance une campagne de répression contre ses détracteurs, notamment les partisans de Morsi et les Frères musulmans, mouvement politique et social dont les membres ont été élus à la présidence de l'Égypte et au Parlement en 2011 et 2012. La répression se poursuit sous la présidence du général Abdel Fattah al Sissi, élu en mai 2014.
  1. Un millier de personnes sont tuées le 14 août 2013 lors des manifestations organisées place Rabaa al Adawiya et à travers l'Égypte, d'après les chiffres du gouvernement. D'aucuns pensent que le nombre de victimes est bien plus élevé. Les autorités n'ont toujours pas pris les mesures adéquates afin d'enquêter sur les centaines de morts imputables aux forces de sécurité depuis 2013.
  1. Des dizaines de milliers de partisans de Mohamed Morsi, de membres des Frères musulmans et d'autres détracteurs du gouvernement sont incarcérés, bien souvent entassés dans des conditions très difficiles. Des centaines d'entre eux sont condamnés à mort, dont l'ancien président Mohamed Morsi, ou à de lourdes peines de prison à l'issue de procès manifestement iniques.

 

«[Président al Sissi] a fait l’éloge des jeunes de ce pays, pourtant, beaucoup d’entre eux croupissent en prison. » Frère de l'étudiant Mahmoud Hussein, qui a passé plus de 700 jours en détention sans inculpation ni procès.

 

 

  1. Les autorités continuent de réprimer la liberté d'expression et le droit de se rencontrer et de se réunir pacifiquement. Elles arrêtent et incarcèrent des journalistes et ceux qui publient des critiques sur Internet, et harcèlent les organisations de défense des droits humains.

 

  1. De nouvelles lois répressives sont adoptées, dont une qui interdit les rassemblements. La nouvelle loi antiterroriste, qui confère au président des pouvoirs équivalents à ceux accordés sous l’état d’urgence, lui permet de «prendre les mesures nécessaires afin de garantir l'ordre public et la sécurité», et prévoit de lourdes amendes pour les journalistes dont les reportages sur le «terrorisme» diffèrent des communiqués officiels.

 

  1. La violence se répand à travers le pays. En octobre 2015, plus de 200 personnes périssent dans l'explosion d'un avion d'une compagnie russe au-dessus du Sinaï. Nombreux sont ceux qui affirment qu'il s'agissait d'une bombe. Le procureur général égyptien au Caire et des juges dans le nord du Sinaï trouvent la mort dans des attentats revendiqués par des groupes armés : l'indépendance de la justice est menacée.

 

L'Égypte après la «Révolution du 25 janvier» : quelques chiffres

 183 personnes condamnées à mort dans le cadre d'une seule affaire concernant des violences politiques au Caire, février 2015.

+ de 22 000 personnes arrêtées dans le cadre de la répression contre la dissidence entre juillet 2013 et juillet 2014 selon des «responsables des forces de sécurité».

+ de 11 800 personnes soupçonnées de «terrorisme» arrêtées entre janvier et octobre 2015.