Les trois employés de l'organisation EIPR ont été libérés sous caution, mais ils restes inculpés. Amnesty International demande à la Suisse de soutenir publiquement les défenseurs des droits humains. ©AI/EIPR
Les trois employés de l'organisation EIPR ont été libérés sous caution, mais ils restes inculpés. Amnesty International demande à la Suisse de soutenir publiquement les défenseurs des droits humains. ©AI/EIPR

Répression en Égypte La diplomatie suisse doit faire preuve de courage

Communiqué de presse publié le 4 décembre 2020, Berne. Contact du service de presse
Amnesty International salue la libération des trois militants des droits humains, qui avaient été arbitrairement arrêtés en Égypte en lien avec une rencontre à laquelle participait un diplomate suisse. L’organisation exige que la diplomatie suisse assume ses responsabilités et continue à s’engager, ce également publiquement, pour la sécurité et les droits de ses partenaires.

Le 3 décembre les trois représentants de l'organisation indépendante des droits humains EIPR, Gasser Abdel-Razek, Karim Ennarah et Mohamed Bashee, ont été libérés provisoirement suite à une forte pression internationale. Ils avaient été arrêtés à la mi-novembre après une rencontre avec 13 diplomates, dont l'ambassadeur suisse Paul Garnier.

«La Suisse officielle a une responsabilité envers les défenseurs des droits humains incriminés. Nous espérons qu'en plus de pratiquer la diplomatie silencieuse, elle se prononcera publiquement en faveur de la levée des accusations qui pèsent toujours sur eux», a déclaré Michael Ineichen, chargé de plaidoyer à Amnesty International.

«La Suisse officielle a une responsabilité envers les défenseurs des droits humains incriminés.» Michael Ineichen, chargé de plaidoyer à Amnesty International

Les Lignes directrices de la Suisse sur les défenseuses et défenseurs des droits humains stipulent que la Suisse soutient les défenseurs des droits humains dans leur travail et s'efforce de les protéger sur le terrain contre l'arbitraire, les menaces et la violence. Cela signifie que de telles mesures de rétorsion – qui constituent également une attaque directe contre le travail diplomatique de la Suisse doivent être condamnées publiquement. Dans une lettre commune, Amnesty International, Alliance Sud et humanrights.ch ont demandé le mois dernier déjà à la présidente de la Confédération et au chef du Département fédéral des Affaires étrangères d’agir en ce sens.

«Outre la liberté et les droits des militants concernés, la crédibilité de la Suisse en tant que pays hôte du Conseil des droits de l'homme est également en jeu», affirme Michael Ineichen.

Les parlementaires suisses inquiets

Les parlementaires suisses sont également préoccupés par le silence persistant de la Suisse officielle concernant l'arrestation du personnel de leur organisation partenaire. Dans une question parlementaire, Min Li Marti demande au Conseil fédéral pourquoi la Suisse n’a pas condamné publiquement ces arrestations.

«Nous nous réjouissons que le Parlement s'empare de cette affaire», commente Michael Ineichen. «Cela montre que de plus en plus de politiciennes et politiciens exigent qu’une solidarité exprimée sur le plan officiel pour les défenseurs des droits humains menacés participe de notre politique étrangère».

Pas un cas isolé

L’arrestation et l’accusation sous prétexte de terrorisme des défenseurs des droits humains de l’EIPR s'inscrit dans un contexte de détérioration rapide de la situation des droits humains en Égypte. En plus d'une campagne orchestrée pour dissoudre le mouvement des droits humains, l'Égypte a exécuté un nombre choquant de personnes – au moins 57 hommes et femmes rien qu'en octobre et novembre. Les arrestations arbitraires, les conditions de détention inhumaines et la torture sont très répandues – notamment dans la tristement célèbre prison de la Torah, où était emprisonné le personnel de l'EIPR. Amnesty International a en outre documenté comment le service du procureur général de la sûreté de l'État (SSSP) utilise les lois antiterroristes pour persécuter les défenseurs des droits humains et les militants de l'opposition.

Les arrestations arbitraires, les conditions de détention inhumaines et la torture sont très répandues.

Amnesty International appelle la Suisse à faire pression sur le Conseil des droits de l'homme pour la création d'une mission de surveillance indépendante chargée d'enquêter sur la situation des droits humains en Égypte.

Contexte

L'EIPR est l'une des organisations indépendantes de défense des droits humains les plus respectées en Égypte. Les autorités égyptiennes ont arrêté trois hauts responsables de l'EIPR entre le 15 et le 19 novembre 2020, peu après que ceux-ci ont rencontré 13 diplomates, dont des représentants de l'ambassade de Suisse. Plus de 50 organisations, dont Amnesty International, ont exigé la libération des défenseurs des droits humains arrêtés.

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