Alaa Abdel Fattah, militant politique et opposant au gouvernement bien connu, a été arrêté à plusieurs reprises ces dernières années, notamment en raison de sa participation au soulèvement de 2011. Mohamed Baker est un avocat spécialisé dans la défense des droits humains. Il est le directeur du Centre Adalah pour les droits et les libertés, qu’il a fondé en 2014. Ces deux hommes comptent parmi les milliers de personnes placées en détention de manière arbitraire en Égypte uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits humains ou à l’issue de procès iniques, notamment de procès collectifs et de procès militaires.
Mohamed Baker et Alaa Abdel Fattah sont détenus depuis le 29 septembre 2019. Ils font l’objet d’investigations pour «appartenance à un groupe terroriste», «financement d’un groupe terroriste», «diffusion de fausses informations portant atteinte à la sécurité nationale» et «utilisation des réseaux sociaux en vue de commettre une infraction liée à la publication».
Les accusés ont été privés de leur droit à une défense adéquate. En effet, leurs conseils n’ont pas été autorisés à communiquer avec eux en privé ni à photocopier les dossiers, les actes d’inculpation et les jugements. Les avocats ont déposé une plainte auprès du bureau chargé de ratifier les décisions des cours de sûreté de l'État, demandant au président d’annuler le verdict. Le 3 janvier 2022, le président Abdel Fattah al Sissi a ratifié le jugement rendu contre les trois hommes. Selon un document qu’Amnesty International a pu consulter, l’application de leur peine a débuté à compter de la date de ratification, et non de la date de leur arrestation.
Alaa Abdel Fattah et Mohamed Baker ont été détenus dans des conditions inhumaines au Caire, jusqu’en mai 2022. Les autorités carcérales les ont placés dans des cellules exiguës et mal ventilées, sans lit ni matelas. À la différence des autres détenus, il leur a été interdit de faire de l’exercice dans la cour de la prison, d’utiliser la bibliothèque et de recevoir à leurs frais des livres ou des journaux provenant de l’extérieur de la prison. En outre, ils ont été privés de vêtements adaptés, de radio, de montre, d’accès à l’eau chaude et d’effets personnels, comme des photos de famille.
Depuis la réactivation par le président en avril 2022 de la Commission des grâces présidentielles, les autorités égyptiennes ont libéré des prisonniers et prisonnières d’opinion de premier plan, ainsi que des centaines d’autres personnes détenues pour des raisons politiques. Cependant, des milliers d’autres personnes sont toujours détenues de façon arbitraire parce qu’elles ont exercé pacifiquement leurs droits humains.
Le 23 novembre 2020, la décision du tribunal pénal du Caire d’inscrire Mohamed Baker et Alaa Abdel Fattah sur la «liste des terroristes» pour une période de cinq ans, en dehors de toute procédure régulière, est parue au Journal officiel. Le 18 janvier 2022, la Cour de cassation a rejeté leur ultime recours contre cette décision, qui a pour effet de geler leurs avoirs et de leur interdire de voyager et de mener des activités politiques ou civiques pendant cinq ans.