Presque toutes les familles interrogées aujourd'hui et la nuit dernière par l'équipe de recherche d'Amnesty International en Irak sont des Turkmènes chiites qui ont fui Tal Afar il y a deux semaines, quand des combattants de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont pris la ville. Depuis, ces familles avaient trouvé refuge dans la province de Sinjar, plus à l'ouest en direction de la frontière avec la Syrie, mais elles ne se sentent pas en sécurité car l'EIIL a récemment pris le contrôle de certaines parties de la zone frontalière.
«Des milliers de civils terrifiés ont laissé derrière eux leur foyer et leur vie, tout cela pour se retrouver coincés dans les rues. Les autorités régionales kurdes ont pour obligation de permettre aux civils irakiens qui fuient les combats de pénétrer dans les provinces dirigées par le gouvernement régional ou de les traverser», a déclaré Donatella Rovera, principale conseillère d’Amnesty International pour les situations de crise.
Témoignages alarmants
Un homme, père de huit enfants, a conduit pendant près de sept heures depuis Sinjar : il a fait un grand détour pour éviter Mossoul et Tal Afar, où il vit, qui sont désormais sous le contrôle de l'EIIL. Il a expliqué à Amnesty International : «Nous ne voulons pas rester au Kurdistan. Nous voulons seulement le traverser pour rejoindre la route qui va vers le sud et qui mène à Bagdad et Najaf.»
De même, des musulmans sunnites, nombreux à fuir les zones contrôlées par l'EIIL (Mossoul, Tal Afar et leurs environs) par crainte des frappes aériennes du gouvernement, ont rencontré des difficultés croissantes pour pénétrer dans les provinces placées sous l'autorité du Gouvernement régional du Kurdistan. Beaucoup ont tout simplement abandonné et sont rentrés chez eux, où ils vivent dans la peur.
On estime à un million le nombre de personnes déplacées en Irak depuis janvier 2014. Selon l'Organisation internationale pour les migrations, au 25 juin 2014, la province de Sinjar accueillait 10 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays.