Le 16 février, le tribunal pénal d’Erbil a condamné les journalistes et militants Sherwan Sherwani, Guhdar Zebari, Hariwan Issa, Ayaz Karam et Shvan Saeed à six années d’emprisonnement à l’issue d’un procès manifestement inéquitable, entaché de graves allégations de torture et d’autres mauvais traitements, sur la base de charges manifestement forgées de toutes pièces de «déstabilisation de la sécurité et de la stabilité de la région du Kurdistan irakien», au titre de l’article premier de la Loi n°21 de 2003. Ils attendent maintenant leur jugement en appel, qui devrait être rendu d’ici le 16 mars.
Depuis leur condamnation, les cinq journalistes observent une grève de la faim pour dénoncer leurs conditions de détention. Selon les informations dont dispose Amnesty International, ils sont détenus dans des cellules surpeuplées, sans espace pour dormir, se tenir debout ou marcher, avec plus de 100 codétenus. Dans ces conditions, les journalistes et les autres détenus sont particulièrement exposés au risque de contracter le COVID-19.
Des membres des forces de sécurité kurdes [également appelées Asayish] ont arrêté Sherwan Sherwani le 7 octobre 2020 à Erbil, capitale de la région du Kurdistan irakien, et les quatre autres journalistes - Guhdar Zebari, Hariwan Issa, Ayaz Karam et Shvan Saeed - le 22 octobre 2020 à Dahuk, autre grande ville du Kurdistan irakien, en raison de leur participation à des manifestations antigouvernementales organisées pour dénoncer le non-paiement des salaires et la corruption. Pendant leur détention, les cinq journalistes ont été soumis à une disparition forcée, certains pendant plus de trois mois. Ils ont eu des contacts très limités avec leurs avocats et les membres de leur famille. Les cinq journalistes ont dit soit à leur avocat, soit à des membres de leur famille qu’ils avaient été soumis à des actes de torture et à d’autres mauvais traitements. Au cours de l’audience, ils ont tous dit avoir été forcés à signer des «aveux», mais le tribunal n’a pas tenu compte de leurs déclarations. De plus, le procès s’est tenu à huis clos, des membres des forces de sécurité empêchant l’accès à l’audience, y compris aux membres de la famille immédiate des journalistes.