Iran Exécutions de deux hommes arrêtés lors des troubles de 2009

24 janvier 2011
Amnesty International condamne l'exécution de deux hommes arrêtés en septembre 2009 en Iran, lors des manifestations qui ont suivi l'élection présidentielle controversée.

Jafar Kazemi et Mohammad Ali Haj Aghaei ont été pendus lundi 24 janvier au matin à la prison d'Evin, à Téhéran. Tous deux avaient été déclarés coupables de «propagande contre le régime» et de mohareb («inimitié à l'égard de Dieu») en raison de leurs contacts présumés avec un groupe d'opposition interdit, l'Organisation iranienne des moudjahidin du peuple (OIMP). Au moins quatre autres personnes risquent d'être exécutées après avoir été condamnées sur la base d'accusations similaires.

Il s'agit des deux dernières pendaisons en date dans ce pays. Les autorités iraniennes ont exécuté au moins 71 détenus depuis le début de l'année 2011 – soit en moyenne plus de 20 personnes par semaine. Des milliers d'autres personnes sont sous le coup d'une condamnation à mort.

«Nous sommes atterrés par les exécutions de Jafar Kazemi et Mohammad Ali Haj Aghaei, de même que nous sommes consternés par le fait que l'Iran ait encore recours à ce châtiment particulièrement cruel et extrême», a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.

«Comme tant d'autres victimes, aucun de ces deux hommes n'a bénéficié d'un procès équitable.»

Selon certaines informations, les personnes qui l'ont interrogé à la prison d'Evin auraient torturé Jafar Kazemi pendant des mois dans le but de l'obliger à «avouer» à la télévision, ce qu'il a refusé de faire.

Jafar Kazemi et Mohammad Ali Haj Aghaei ont été jugés ensemble. On pense qu'ils ont été condamnés à mort en avril 2010. La Cour suprême a confirmé leur peine en juillet et septembre 2010 respectivement.

Avant leur arrestation, les deux hommes avaient rendu visite à des membres de leur famille au camp d'Ashraf, en Irak, où quelque 3 400 membres et partisans de l'OIMP vivent en exil. Le fils de Jafar Kazemi vit dans ce camp, situé à 60 kilomètres au nord de Bagdad.

Depuis des mois, les habitants du camp d'Ashraf sont soumis en permanence au harcèlement, aux pressions et à des conditions de vie semblables à un état de siège de la part des autorités irakiennes, qui souhaitent les voir quitter le pays. Ces personnes seraient en très grand danger si elles étaient forcées de retourner en Iran.

Au nombre des prisonniers exécutés par les autorités iraniennes au cours des dernières semaines se trouve Ali Saremi, mis à mort en décembre 2010 en raison de son appartenance présumée à l'OIMP. Hossein Khezri, un membre de la minorité kurde d'Iran, pourrait avoir été exécuté le 15 janvier 2011.

Deux autres Kurdes d'Iran, connus uniquement sous les noms d'Ayoub et Mosleh, semblent également avoir été condamnés à mort pour avoir filmé des relations sexuelles entre hommes et y avoir pris part.

Amnesty International a écrit au responsable du pouvoir judiciaire iranien dans la semaine du 17 janvier afin d'obtenir des éclaircissements sur leur situation actuelle vis-à-vis de la justice, et l'a instamment prié d'empêcher que ces hommes soient exécutés s'ils ont effectivement été condamnés à la peine capitale.

Trois autres hommes ont été pendus à Téhéran lundi 24 janvier après avoir été déclarés coupables de viol sur un adolescent.