« Nous sommes horrifiés que les autorités iraniennes aient exécuté Mohsen Shekari, trois semaines seulement après l’avoir déclaré coupable et condamné à mort lors d’un simulacre de procès contrevenant aux règles d’équité les plus élémentaires. Le fait qu’elles aient brutalement fait suivre par des actes leurs menaces publiques d’accélérer les procédures relatives à la peine de mort et de mener rapidement à bien les exécutions nous fait craindre que d’autres manifestant·e·x·s condamné·e·x·s à mort ou accusé·e·x·s d’infractions passibles de la peine capitale n’encourent le risque d’être envoyé·e·x·s à la mort de façon imminente », a déclaré Diana Eltahawy, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.
«[...] les autorités se servent de la peine de mort comme d’un outil de répression politique.» Diana Eltahawy, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International
« La façon révoltante dont le procès de Mohsen Shekari a été accéléré à chaque étape du système judiciaire iranien, lui ôtant toute signification et la possibilité d’avoir recours à une procédure d’appel réelle illustre une nouvelle fois le fait que les autorités se servent de la peine de mort comme d’un outil de répression politique. L’objectif flagrant est de susciter la peur au sein de la population, dans une tentative désespérée de s’accrocher au pouvoir et de faire cesser le soulèvement populaire. »
Les autorités ont condamné Mohsen Shekari en l’accusant, de façon vague et très générale, d’« inimitié à l’égard de Dieu » (moharebeh) ainsi que d’avoir « bloqué une rue à Téhéran, suscitant la peur et privant les personnes de liberté et de sécurité, et intentionnellement blessé un agent de sécurité avec une arme blanche (couteau) ». Une condamnation contraire au droit international, qui exige que la peine de mort ne soit utilisée que pour les crimes les plus graves impliquant un homicide intentionnel.
Étant donné le nombre de personnes arrêtées et condamnées en lien avec le soulèvement populaire, qui se chiffre en milliers, Amnesty International redoute que bien d’autres personnes en Iran n’encourent la peine de mort. L’organisation a identifié au moins 18 autres personnes menacées d’exécution pour ce motif et se trouvant à différentes étapes de la procédure pénale.
12 personnes sont sous le coup d’une sentence capitale : Sahand Nourmohammad-Zadeh, Mahan Sedarat Madani, Manouchehr Mehman Navaz, Mohammad Boroughani, Mohammad Ghobadlou, Saman Seydi, Hamid Ghare Hasanlou, Akbar Ghafarri, identité inconnue – Alborz, identité inconnue – Alborz, identité inconnue – Alborz, identité inconnue – Alborz.
Personnes en cours de jugement et/ou accusées de crime passibles de la peine de mort : Abolfazl Mehri Hossein Hajilou, Mohsen Rezazadeh Gharegholou, Saeed Shirazi, Ebrahim Rahimi, Majidreza Rahnavard, Toomaj Salehi.
« Étant donné que les autorités iraniennes sont déterminées à continuer leur répression meurtrière, dans la rue et lors de parodies de procès, c’est à la communauté internationale qu’il revient d’agir de toute urgence pour empêcher que d’autres exécutions n’aient lieu. Elle ne doit pas se contenter d’exprimer son indignation et des condamnations, mais prendre toutes les mesures nécessaires pour amener tous les représentants du pouvoir, notamment dans les domaines de la sécurité, du renseignement, du parquet et du système judiciaire, qui sont impliqués dans des crimes relevant du droit international et d’autres violations graves des droits humains, dont le droit à la vie, à rendre compte de ces actes. La communauté internationale doit notamment exercer sa compétence universelle à enquêter sur toutes les personnes soupçonnées de tels crimes et à émettre des mandats d’arrêt lorsque des preuves suffisantes existent », a déclaré Diana Eltahawy.
Complément d’information
Avant même que le soulèvement ne commence à la mi-septembre, Amnesty International avait tiré la sonnette d’alarme concernant l’explosion effarante des exécutions qui avait lieu en Iran, les autorités ayant tué 251 personnes au cours des six premiers mois de l’année 2022. Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances sans exception, quelles que soient la nature du crime commis, les caractéristiques de son auteur et la méthode d’exécution utilisée par l’État. La peine de mort est une violation du droit à la vie et constitue le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit.