Israël / Territoires palestiniens occupés Le blocus de Gaza doit être totalement levé

21 juin 2010
Amnesty International a exhorté Israël le 17 juin 2010 à lever totalement et sans délai le blocus imposé à Gaza, qui inflige une punition collective à 1,4 million de Palestiniennes et de Palestiniens, et ce en violation manifeste du droit international. Le même jour, le gouvernement israélien a annoncé un allègement du blocus, qui permettrait d’acheminer davantage de ce qu’il a qualifié de «biens civils» vers ce territoire appauvri où quatre personnes sur cinq dépendent de l’aide internationale.

«Cette annonce indique clairement qu’Israël n’a pas l’intention de mettre fin à la punition collective infligée à la population civile de Gaza, mais seulement de l’alléger. Cela ne suffit pas», a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

«Toute mesure qui contribuera à lutter contre la terrible crise humanitaire à Gaza doit être accueillie favorablement, mais Israël doit maintenant se conformer aux obligations qui lui incombent au regard du droit international en tant que puissance occupante et lever immédiatement le blocus.»

«Il est tout aussi important de permettre à des biens d’entrer à Gaza que d’autoriser les exportations à quitter Gaza. Pourtant, il n’est fait aucune mention de cela dans l’annonce d’aujourd’hui. Le fait d’interdire la grande majorité des exportations, des matières premières et la circulation des personnes a détruit l’économie de Gaza, et contraint sa population au chômage, à la pauvreté et à la dépendance vis-à-vis des organisations humanitaires pour sa survie. Ces problèmes ne seront pas résolus tant que le blocus sera maintenu.»

Selon certains médias, Israël devrait désormais interdire expressément une liste de produits plutôt que de laisser entrer à Gaza uniquement des produits spécifiés, comme cet État le faisait jusqu’à présent.

On ignore pour l’instant quels produits resteront prohibés. Par ailleurs, la possibilité d’accorder à la population le droit de circuler librement n’a pas été évoquée, bien que celui-ci soit également consacré par le droit international.

Sauf dans de rares cas, généralement pour des raisons humanitaires exceptionnelles, les restrictions actuellement imposées par Israël empêchent les Palestiniens de se déplacer car des points de passage sont installés entre Gaza et Israël.

En raison de cette fermeture, il est extrêmement difficile pour les Palestiniens de sortir de Gaza, même pour recevoir les soins médicaux dont ils ont besoin, et presque impossible de quitter ce territoire pour d’autres raisons, notamment pour rendre visite à des proches parents ou encore pour aller à l’université ou travailler.

Les autorités israéliennes ont déjà avancé plusieurs arguments pour justifier le blocus, en invoquant le fait notamment qu’il s’agissait d’une réaction aux attaques de groupes armés palestiniens et au maintien en otage du soldat israélien Gilad Shalit ou d’un moyen d’exercer des pressions sur le gouvernement de facto du Hamas.

Amnesty International a fermement condamné l’utilisation sans discrimination d’armes à feu par des groupes armés palestiniens contre la partie sud d’Israël en violation du droit international. Néanmoins, les mesures limitant l’entrée de biens civils ainsi que la liberté de mouvement de la population et interdisant presque totalement les exportations visent les civils dans leur ensemble et non spécifiquement les groupes armés.

«Toutes les restrictions imposées à la liberté de mouvement des personnes et à la libre circulation des biens entrant ou sortant de Gaza doivent être proportionnées et non discriminatoires», a indiqué Malcolm Smart.

«Israël a peut-être besoin de contrôler les points d’entrée à Gaza pour des raisons de sécurité, mais ce contrôle doit cibler les personnes soupçonnées de constituer une menace [dans ce domaine], et non la population dans son ensemble.»

Complément d’information

La bande de Gaza, comme Jérusalem-Est et le reste de la Cisjordanie, est occupée par Israël depuis 1967. Depuis le début des années 1990, cet État n’a cessé d’imposer des restrictions de plus en plus draconiennes à la liberté de mouvement des Palestiniens, aussi bien à l’entrée qu’à la sortie de Gaza, notamment pour les déplacements vers d’autres parties des territoires palestiniens occupés. Cela contredit le principe, accepté par la communauté internationale, selon lequel la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et la bande de Gaza forment une unité territoriale et cela viole l’obligation qui incombe à la puissance occupante de garantir le bien-être de la population occupée, telle que stipulée dans les articles 27 et 47 de la quatrième Convention de Genève.

Malgré le retrait des colons israéliens installés illégalement à Gaza en 2005 (dans le cadre du processus qu’Israël a appelé «désengagement»), les autorités israéliennes ont conservé le contrôle sur l’espace aérien de Gaza, ses frontières terrestres avec Israël et ses eaux territoriales, comme le montre la récente action militaire contre la flottille humanitaire qui faisait route vers Gaza, au cours de laquelle neuf militants internationaux ont été tués.

Après que le Hamas a pris le contrôle de Gaza en juin 2007, la politique israélienne de fermeture déjà en place s’est durcie, donnant lieu à la mise en œuvre d’un blocus qui restreint l’entrée de nourriture, de carburant et d’autres biens de première nécessité. À partir de cette date, les entrées et sorties pour raisons médicales ont été limitées et retardées. Les familles de Gaza n’ont pas le droit d’aller rendre visite à leurs proches dans les prisons israéliennes. La situation a empiré lorsque le poste-frontière de Rafah (seul point de passage de Gaza vers l’Égypte) a été totalement fermé par les autorités égyptiennes. Après 2007, celui-ci a rouvert par intermittence afin de permettre une circulation occasionnelle.

À la suite de l’action militaire lancée par Israël le 31 mai 2010 contre la flottille humanitaire dans les eaux internationales situées au large de Gaza, les autorités égyptiennes ont annoncé l’ouverture du poste-frontière de Rafah «pour une durée indéterminée . Cependant, l’Égypte n’a pas encore permis à l’ensemble des Palestiniens d’entrer librement sur son territoire. Pour l’instant, cette mesure est exclusivement réservée à ceux qui ont obtenu des autorisations spéciales.

C’est à Israël, en tant que puissance occupante, qu’il incombe en premier lieu de garantir le bien-être des habitants de Gaza.