Le 22 novembre, des agents de l'Administration des territoires d'Israël (ILA) ont démoli au bulldozer les abris de fortune que les habitants du village d'al Araqib, dans la région du Néguev, avaient construits à la suite d'une précédente opération de démolition le mois dernier. Les villageois, tous citoyens israéliens, ont été de nouveau expulsés par la police antiémeute.
«Nous condamnons ces démolitions répétées qui visent à expulser de force les habitants d'al Araqib des terres sur lesquelles ils vivent depuis plusieurs générations» a déclaré Philip Luther, directeur adjoint du programme Moyen Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.
«Le fait que ce village ait été démoli sept fois en quatre mois montre qu'il ne s'agit pas d'une erreur administrative mais d'une politique délibérée d'expropriation de la part du gouvernement israélien.»
Al Araqib fait partie des plus de 40 villages arabes d'Israël non reconnus par les autorités israéliennes malgré le fait que leurs habitants soient des citoyens israéliens et qu'ils aient des droits sur leurs terres depuis longtemps.
Les habitants de ces villages «non reconnus», situés pour la plupart dans le désert du Néguev, ne bénéficient pas de la sécurité d'occupation et n'ont pas accès à certains services, notamment à l'eau et à l'électricité.
Au moins 50 des 250 habitants d'al Araqib vivent dans les décombres de leurs logements, qu'ils tentent de reconstruire. D'autres campent dans des tentes dans le cimetière du village.
Comme lors des précédentes démolitions, aucun avis d'expulsion ou de démolition n'a été présenté aux habitants. Les autorités israéliennes ont auparavant arrêté des habitants et des personnes qui les soutenaient quand ils ont demandé à voir une ordonnance de démolition.
Au début de l'année 2010, les médias israéliens ont indiqué que le gouvernement avait décidé de tripler le nombre de démolitions de constructions bédouines dans le Néguev. Étant donné que celui-ci ne reconnaît pas la sécurité d'occupation des habitants, il soutient que leurs villages sont illégaux.
Al Araqib a été démoli pour la première fois par les autorités le 27 juillet. Les habitants ont été expulsés par plus de 1 000 policiers antiémeutes. Au moins 46 habitations ont été détruites, plusieurs milliers d'oliviers et d'autres arbres ont été déracinés et des biens ont été saisis, notamment des générateurs électriques, des réfrigérateurs et des véhicules.
Certains villageois ont refusé de quitter leurs terres et ont reconstruit des abris de fortune. Ces habitations ont de nouveau été démolies par des représentants des autorités accompagnés de policiers antiémeutes les 4, 10 et 17 août à l'aube alors que les villageois observaient le jeûne du ramadan, le 12 septembre, le 13 octobre et une fois de plus cette semaine.
En plus des opérations menées à al Araqib, les autorités israéliennes ont procédé à des démolitions d'habitations palestiniennes cette semaine dans les territoires occupés de Cisjordanie, notamment à Jérusalem-Est. Le 24 novembre, la municipalité de Jérusalem a démoli une maison à al Tur, un quartier de Jérusalem-Est, et neuf bâtiments occupés par des entreprises palestiniennes à Issawiye et Hizma. Le même jour, l'armée israélienne a démoli trois bâtiments dans le village de Jiftlik et un autre dans celui de Qarawat Bani Hassan, en Cisjordanie.
Le 25 novembre, les forces israéliennes ont démoli sept structures à Khirbet Yarza, dont deux maisons et une mosquée, et un immeuble résidentiel à al Rifaiyya; ces deux localités sont également des villages de Cisjordanie.
À la suite de ces démolitions, plusieurs dizaines de Palestiniens se sont retrouvés sans domicile et d'autres ont vu leurs moyens de subsistance anéantis.
«Le gouvernement israélien doit mettre un terme à sa politique de démolition d'habitations aussi bien dans les villages situés en Israël, comme al Araqib, qui se trouve dans le désert du Néguev, que dans les territoires occupés de Cisjordanie, notamment à Jérusalem-Est», a ajouté Philip Luther.