Ce jugement exonère les militaires israéliens de leur obligation de rendre des comptes et ne tient pas compte des graves défaillances de l’enquête interne menée par l'armée israélienne dans cette affaire.
«Rachel Corrie était une manifestante américaine pacifique qui a été tuée alors qu’elle tentait d’empêcher la destruction d’une maison palestinienne par un bulldozer des forces armées israéliennes», a déclaré Sanjeev Bery, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International États-Unis.
«Plus de neuf ans après la mort de Rachel Corrie, les autorités israéliennes n’ont toujours pas respecté leurs engagements selon lesquels elles mèneraient une enquête “minutieuse, crédible et transparente”. Au contraire, un tribunal israélien a soutenu les conclusions d'une enquête militaire comportant des vices de forme et a rendu un jugement qui, une fois de plus, exonère l’armée israélienne de toute obligation de rendre des comptes.»
La décision, prononcée par le juge Oded Gershon au tribunal de district de Haïfa, maintient que l'armée israélienne n’est pas responsable des «dommages causés», arguant que le 16 mars 2003, le bulldozer Caterpillar D9 était engagé dans des opérations de combat à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
Le droit international humanitaire interdit la destruction de propriété, sauf si celle-ci est exigée par d’impérieuses nécessités militaires, et exige que toute opération militaire soit conduite en veillant à épargner la population civile.
«Rachel Corrie était clairement identifiable comme civile : elle portait un gilet orange fluorescent au moment où elle a été tuée», a commenté M. Bery.
«Avec d’autres militants non violents, elle avait passé plusieurs heures à manifester de manière pacifique contre les démolitions, au moment où le bulldozer de l’armée israélienne l’a écrasée.»
En appuyant les conclusions de l'enquête de l’armée israélienne, terminée dans le mois qui a suivi la mort de Rachel Corrie en 2003, le jugement semble avoir négligé plusieurs éléments de preuve solides présentés devant le tribunal, notamment par des témoins oculaires. L’enquête militaire n’a jamais été rendue publique dans son intégralité ; des représentants du gouvernement américain ont affirmé ne pas croire qu’elle ait été «minutieuse, crédible et transparente».