La ratification du Statut de Rome, ainsi que d'autres traités de droit international relatif aux droits humains et de droit international humanitaire, permettrait d'amener les responsables de violations des droits humains et de crimes de droit international à rendre compte de leurs actes.
«Cela devrait faire progresser les initiatives visant à soumettre à la justice internationale les crimes de guerre et les éventuels crimes contre l'humanité, commis par toutes les parties au conflit de 2008-2009. Cela ouvrirait la voie de la justice aux victimes d'atteintes aux droits humains et leur donnerait la possibilité de faire valoir leurs droits», a déclaré Widney Brown, directrice générale chargée des questions relatives au droit international et à la stratégie politique à Amnesty International.
«Cela fait trop longtemps que les victimes du conflit de 2008-2009 attendent. La Palestine doit maintenant agir sans attendre pour faire en sorte que justice soit enfin rendue», a souligné Widney Brown.
La fin de l’impunité pour les responsables ?
Jusqu’à maintenant, les auteur·e·s présumé·e·s des violations du droit international bénéficiaient d’une large impunité. En effet, ni le gouvernement de facto du Hamas à Gaza ni Israël n'ont jusqu’à présent mené d'enquête exhaustive, indépendante et impartiale sur les crimes qui ont pu être commis pendant le conflit de 2008-2009. De plus, la CPI s’était déclarée inapte, en avril 2013, à procéder à une enquête, du fait du statut juridique mal défini de la Palestine.
Selon certaines informations, plusieurs États, notamment le Royaume-Uni et les États-Unis, ont exercé des pressions sur les diplomates palestiniens pour qu’ils renoncent aux mécanismes de justice pour les crimes de droit international. Une réaction inacceptable, selon Widney Brown : «Le droit des victimes à demander justice ne peut faire l'objet d'aucun marchandage.»
Sanction collective
Amnesty International est également très préoccupée par les déclarations de l'État israélien selon lesquelles, à la suite du vote des Nations unies sur le statut de la Palestine, il allait bloquer des fonds dus à l'Autorité palestinienne.
L'économie palestinienne est déjà totalement étranglée en raison des restrictions imposées par Israël à la libre circulation des biens et des personnes, et un grand nombre de Palestiniens sont de ce fait maintenant dépendants de l'aide humanitaire.
Amnesty International a demandé à de multiples reprises à Israël de lever totalement son blocus sur Gaza, qui impose une punition collective à plus d'1,4 million de Palestiniens, en violation flagrante du droit international.
«Le blocage de fonds ou de ressources va entraîner une aggravation de la situation humanitaire, a souligné Widney Brown. Au regard du droit international, Israël, en tant que puissance occupante, a l'interdiction de recourir à des peines collectives et est responsable du bien-être de la population sous occupation.»