Dix-neuf autres personnes, dont six enfants, ont été blessées par des balles réelles tirées au cours du raid dans le camp de réfugiés de Qalandia. Il s'agit du plus grand nombre de victimes causées par une opération israélienne en Cisjordanie cette année. Cinq personnes, dont trois enfants, présentaient des blessures au haut du corps. «L'usage intentionnellement meurtrier d'armes à feu – comme des tirs à balles réelles visant le haut du corps – n'est autorisé que si cela est absolument inévitable pour protéger des vies humaines», a déclaré Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International. «Au vu des morts et du grand nombre de victimes, on peut se demander si ces troupes israéliennes puissamment armées ont agi en conformité avec les normes internationales.»
Soupçons d’exécution extrajudiciaire
Rubin Abd al Rahman Zayed, un employé de 34 ans de l'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), a été tué. Des soldats israéliens lui ont tiré dessus depuis un véhicule militaire alors qu'il sortait du camp après le raid. Il a été atteint à la poitrine. Les organisations locales de défense des droits humains ont déclaré à Amnesty International que la zone était calme à ce moment, et que les soldats ne devaient pas faire face à des violences ou à des menaces lorsque Rubin Abd al Rahman Zayed a été abattu. «Les circonstances de la mort de Rubin Abd al Rahman Zayed évoquent une exécution extrajudiciaire contraire au droit international», a ajouté Philip Luther. Et de rappeler que «l'homicide intentionnel de civils est aussi un crime de guerre en vertu de la quatrième Convention de Genève, qu'Israël doit respecter en tant que puissance occupante dans les territoires palestiniens.»
Les Forces de défense d'Israël (FDI) ont déclaré que les soldats avaient recouru aux armes à feu parce qu'ils estimaient que leur vie était menacée, du fait que les Palestiniens lançaient des pierres et d'autres objets sur leurs véhicules. Les FDI ont également affirmé que les Palestiniens avaient tiré sur leurs jeeps, et que quatre balles avaient été extraites de ces véhicules après le raid. «Même si les troupes israéliennes se sentaient menacées, elles avaient la responsabilité de réduire les risques pour les personnes ne présentant pas une menace, et ne devaient utiliser les armes à feu qu'en dernier recours», a expliqué Philip Luther. «Ce raid meurtrier semble être un nouvel exemple de l'usage excessif de la force par les troupes israéliennes dans les territoires palestiniens occupés. Au lieu de mener des enquêtes impartiales et indépendantes, et de veiller à ce que leurs soldats respectent le droit international, les porte-parole israéliens tentent déjà de rejeter les objections concernant ces homicides et blessures graves».
L’armée agit en toute impunité
Les FDI ont déclaré que, selon leur enquête préliminaires, les soldats avaient agi «conformément à ce qui était prévu [... et que leur comportement] était contrôlé et proportionné.» Amnesty International a déjà exprimé son inquiétude du fait que les enquêtes de l’armée israélienne ne sont pas conformes aux normes internationales et entraînent une impunité quasi-totale pour les auteurs présumés d’homicides illégaux. Tout homicide ou toute blessure grave d’un civil par les forces armées israéliennes doit faire l’objet d’une enquête indépendante et impartiale dans les meilleurs délais. Les responsables présumés d'homicides illégaux ou d'usage arbitraire ou excessif de la force doivent être amenés à rendre des comptes devant des tribunaux civils, conformément aux normes d'équité des procès.
Après les homicides de lundi, des manifestations ont éclaté en Cisjordanie, notamment à Jérusalem-Est. Selon les sources, de nouvelles arrestations ont eu lieu et d'autres personnes ont été blessées. Avant le raid de lundi à Qalandia, les forces israéliennes avaient tué 10 civils palestiniens en Cisjordanie au cours de l'année 2013. L'opération la plus récente avait eu lieu à Jénine, le 20 août. Amnesty International a enquêté sur plusieurs de ces homicides et a recueilli des informations prouvant qu'ils étaient illégaux. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies a recensé 2 877 civils palestiniens blessés par les forces israéliennes en Cisjordanie au cours des sept premiers mois de l'année 2013.