Cela fait un mois que l’ensemble des résidents de la bande de Gaza, soit 1,7 million de personnes, vivent sans électricité la majeure partie de la journée et sous la menace d’une catastrophe sanitaire, après que l’unique centrale électrique de la zone ait dû cesser de fonctionner, ce qui a mené à des dysfonctionnements dans plusieurs stations d’évacuation des eaux usées et d'épuration.
«Ce dernier revers en date, particulièrement dur, meurtrit encore davantage la dignité des Palestiniens de Gaza, et exacerbe les graves privations de droits dont ils sont victimes depuis plus de six ans en raison du blocus imposé par Israël, ainsi que de restrictions décrétées par l’Égypte», a expliqué Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International.
Conséquences sanitaires
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, les 291 stations d’évacuation des eaux usées et d’épuration de la bande de Gaza dépendent désormais toutes de générateurs de secours, eux-mêmes affectés par la pénurie de carburant.
Les autorités locales ont eu des difficultés à faire face, et quelque 3 000 résidents se sont ainsi retrouvés à patauger dans les eaux d’égout. Le nettoyage a finalement commencé vendredi 29 novembre, selon des résidents locaux, après que l’intervention de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient et d’autres agences, ainsi que des dons effectués en urgence par la Turquie, aient permis l’achat de carburant pour les stations d’épuration en situation critique.
Droits fondamentaux bafoués
«C’est à cause du blocus qu'on a eu ces fuites d'eaux usées», a indiqué un résident d’al Zaytoun à Amnesty International.
«La question, c’est pourquoi le maintien de ce blocus est-il permis ? Quel crime avons-nous commis ?»
«La question, c’est pourquoi le maintien de ce blocus est-il permis ? Quel crime avons-nous commis ? Cette situation n'a aucune justification. Nous voulons seulement vivre comme les autres citoyens du monde.»
«Chaque jour qui passe sans que la centrale électrique ne reçoive de carburant augmente le risque d’une énorme crise de la santé publique. L’accès à des installations sanitaires adéquates et à l’eau potable sont des droits fondamentaux. La fermeture de cette centrale électrique n'aurait jamais dû avoir lieu», a ajouté Philip Luther.
D’autres conséquences
Les hôpitaux et d’autres services de santé de la bande de Gaza dépendent de leurs propres générateurs lors de ces longues coupures d’électricité. Or le fonctionnement de ces générateurs est lui aussi affecté par la pénurie de carburant, ce qui met en péril des services essentiels tels que la dialyse, les blocs opératoires, les banques du sang, les unités de soins intensifs, les unités néonatales et les laboratoires, et fait courir des risques aux patients.
Les entreprises, le secteur de la construction et une grande partie des exploitations agricoles tournent également au ralenti, sur fond de coupures d’électricité et de pénuries de carburant et de matériaux de construction. Cela a eu pour effet une diminution accrue des revenus de nombreux foyers qui éprouvaient déjà des difficultés à subvenir à leurs besoins les plus essentiels.
Les boulangeries ont réduit leur production et les clients sont obligés de faire la queue pour acheter du pain. Les transports à travers la bande de Gaza ont été restreints ; des chariots tirés par des ânes sont désormais utilisés pour ramasser les ordures. Les écoles et universités sont également touchées.