Natan Blanc, 19 ans, est originaire de Haïfa. Il a d'abord été emprisonné après avoir refusé l'appel sous les drapeaux en novembre dernier. Depuis, il a subi sept emprisonnements en quatre mois, soit 116 jours de prison. Il est généralement relâché au bout de quelques semaines, puis jugé et emprisonné à nouveau après avoir réitéré son refus de rejoindre l'armée. Il retournera donc probablement en prison après les festivités de la Pâque juive, en avril.
Natan Blanc a donné à Amnesty International les raisons de son refus. «En Israël aujourd'hui, c'est l'apartheid. Personne ne parle d'accorder aux Palestiniens l'égalité des droits, ni même le droit de vote. Je ne veux pas participer à un tel système [...] Je veux ne pas avoir honte de mes actions. En tant que citoyens et êtres humains, nous avons le devoir moral de refuser de participer à ce jeu cynique. » Amnesty International appelle les autorités israéliennes à accepter l'objection de conscience de Natan Blanc et à arrêter de l'emprisonner du fait de ses convictions.
Natan Blanc a déclaré qu'il avait commencé à remettre en question la conscription quatre ans auparavant, lors de l'invasion de Gaza par Israël au cours de l'opération «Plomb durci». Il n'avait que 15 ans à l'époque. «La vague de militarisme agressif qui a balayé le pays durant cette période, les expressions de haine mutuelle et les discours creux sur l'éradication de la terreur et la dissuasion ont été les principales causes de mon refus», a expliqué Natan. À la fin du conflit de 2008-2009, des centaines de Palestiniens et trois civils israéliens avaient été tués, et la bande de Gaza était réduite en ruines.
L’histoire de Natan n’est pas un cas isolé.
Dans la foulée de l'opération «Plomb durci», au moins neuf jeunes Israéliens ont été emprisonnés en 2009 pour objection de conscience, un chiffre plus élevé que par le passé. En avril de l'année dernière, Noam Gur, 18 ans, a elle aussi été emprisonnée après avoir refusé de «[...] rejoindre une armée qui, depuis sa création, a cherché à dominer une autre nation, en pillant des biens et en terrorisant la population civile sous son contrôle». Elle a purgé deux peines d'emprisonnement avant d'être exemptée.
En 2003, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a conclu que, en condamnant à plusieurs reprises des individus sur la base de leur objection de conscience, l'État d'Israël les sanctionnait de façon répétée pour un même délit, ce qui bafoue les droits de ces personnes au regard des normes internationales interdisant la «double peine». Par ailleurs, le droit israélien autorise l'exemption des pacifistes, mais le comité de conscience rejette souvent leurs demandes.
Le droit d'objecter au service militaire pour des raisons de conscience est protégé par le droit international relatif aux droits humains. Amnesty International estime que le gouvernement israélien doit mettre en place un organe réellement indépendant et impartial pour évaluer de manière équitable et transparente les demandes des objecteurs de conscience.