Je me suis rendu à Nabi Saleh la semaine dernière lors d'une mission de recherche d'Amnesty International sur la Cisjordanie. Ce village est situé au sommet d'une colline, face à la colonie israélienne illégale de Halamish. Les colons de Halamish, comme tant d'autres colons israéliens dans les territoires palestiniens occupés (TPO), sont appuyés par l'armée israélienne et sa force létale.
Pour avoir protesté contre la colonisation, les habitants de Nabi Saleh ont dû payer un lourd tribut. J'ai parlé avec Bassem Tamimi, un habitant du village. Israël avait emprisonné cet homme pour son implication dans des manifestations pacifiques, et Amnesty International avait déclaré à l'époque qu'il était un prisonnier d'opinion. Lors de son dernier séjour en prison, en novembre 2012, des soldats israéliens ont tiré sur son beau-frère, Rushdi Tamimi, âgé de 31 ans, au cours d'un autre mouvement de protestation. Rushdi est mort quelques jours plus tard dans un hôpital. En décembre 2011, un autre villageois, Mustafa Tamimi, est décédé après avoir reçu en plein visage une grenade lacrymogène tirée à bout portant depuis un véhicule militaire israélien.
La loi militaire d'Israël a imposé à la Cisjordanie occupée des restrictions radicales et arbitraires de la liberté d'expression et de réunion transformant en infraction pénale toute protestation pacifique non autorisée de la part des Palestiniens. Les Palestiniens qui protestent malgré tout font régulièrement l'objet d'arrestations et subissent la force excessive des militaires israéliens. Ce constat s'impose comme une évidence lorsqu'on observe les maisons de Nabi Saleh. Devant moi, Bassem Tamimi a ramassé deux pleines poignées de balles plastiques ou recouvertes de caoutchouc tirées par les forces israéliennes dans le village. Sous sa couche de caoutchouc, chaque balle présente un noyau métallique dur.
Une situation contraire au droit international
En s'opposant à la colonisation, les habitants de Nabi Saleh ont le droit international pour eux. Une politique consistant à installer des civils dans des territoires occupés – comme le fait Israël – représente une grave violation des lois de la guerre. Elle peut donner lieu à des poursuites pour crimes de guerre au regard du Statut de la Cour pénale internationale.
Lors de son passage en Israël et en Cisjordanie, le président Obama aurait été bien avisé d'«écouter» ces Palestiniens vivant dans l'ombre des colonies et de l'armée israélienne. Mais écouter ne suffira pas. Le gouvernement américain doit soutenir activement les Palestiniens dans leur opposition à ces politiques illégales d'Israël. Cela signifie notamment qu'il doit exiger un gel complet de la construction de colonies israéliennes, au lieu d'appeler les Palestiniens à reprendre d'abord les négociations avec Israël, comme l'a fait Barack Obama plus tôt aujourd'hui. Ce gel serait un premier pas vers l'évacuation totale de toutes les colonies israéliennes des TPO, y compris de Jérusalem-Est.
Sans cela, les Palestiniens subiront toujours plus de déplacements forcés et d'autres violations quotidiennes de leurs droits en raison du processus de colonisation. Moshé Yaalon, le nouveau ministre israélien de la Défense, aurait signalé son opposition à toute limitation des colonies. Quant à Uri Ariel, le nouveau ministre israélien du Logement, il est lui-même un colon. Faute d'une pression internationale suffisamment importante, Amnesty International craint que le nouveau gouvernement israélien ne continue tout simplement à construire illégalement sur des terres occupées et à utiliser de façon excessive et parfois mortelle la force militaire contre les Palestiniens qui s'opposent à ces constructions.