Ce rapport, intitulé Trigger-happy: Israel’s use of excessive force in the West Bank, expose la violence croissante et les atteintes aux droits humains commises dans les territoires palestiniens, conséquences de l’utilisation par les forces israéliennes d’une force inutile, arbitraire et brutale contre les Palestiniens depuis janvier 2011.
«Le rapport présente un ensemble d’éléments de preuve qui révèlent une pratique bien établie d’homicides illégaux et de blessures injustifiées visant les civils palestiniens en Cisjordanie, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
«La fréquence et la persistance du recours à la force arbitraire et abusive contre des manifestants pacifiques en Cisjordanie par les soldats et les policiers israéliens – ainsi que l’impunité dont ils bénéficient – laissent à penser qu’il s’agit là d’une politique délibérée.»
Des morts et des blessés
D’après les chiffres de l’ONU, le nombre de Palestiniens de Cisjordanie tués par les forces israéliennes en 2013 est supérieur au nombre total de victimes comptabilisées en 2011 et 2012. Quarante-cinq Palestiniens de Cisjordanie ont été tués au cours des trois dernières années.
Depuis janvier 2011, un nombre effarant de Palestiniens de Cisjordanie – plus de 8 000, dont 1 500 enfants – ont été blessés par des balles de métal enrobées de caoutchouc et par l’utilisation inappropriée de gaz lacrymogène, notamment. «Ce nombre ahurissant témoigne du terrible danger auquel sont confrontés chaque jour les Palestiniens vivant en Cisjordanie occupée », a déclaré Philip Luther.
Des investigations insuffisantes
«Le système israélien présente des lacunes déplorables. Il pèche par son manque d’indépendance, d’impartialité et de transparence. Les autorités doivent mener dans les meilleurs délais des enquêtes approfondies et indépendantes sur tous les cas présumés de recours arbitraire et violent à la force, a déclaré Philip Luther.
«Il faut faire clairement savoir aux soldats et aux policiers israéliens que les atteintes aux droits humains ne resteront pas impunies. Si les responsables présumés de ces actes ne rendent pas des comptes, le nombre de morts et de blessés ne va pas diminuer.»
Les transferts d'armes doivent être suspendus
Amnesty International exhorte les États-Unis, l’Union européenne et l’ensemble de la communauté internationale à suspendre tous les transferts de munitions, d’armes et d’autres équipements vers Israël. «Si la communauté internationale ne fait pas pression, la situation n’a guère de chances de changer rapidement, a déclaré Philip Luther.
«Trop de civils ont perdu la vie. Il faut en finir avec cette pratique persistante. Si les autorités israéliennes veulent prouver au monde leur attachement aux principes démocratiques et aux normes internationales relatives aux droits humains, elles doivent mettre fin sans délai aux homicides illégaux et au recours injustifié à la force.»
Complément d'information
Étude de cas : un enfant tué pour avoir manifesté
En Cisjordanie, les conséquences tragiques de la politique israélienne qui consiste à réprimer les manifestations palestiniennes font désormais partie du décor.
Samir Awad, adolescent de 16 ans originaire de Budrus, près de Ramallah, a été abattu près de son école en janvier 2013, alors qu’il tentait de mettre sur pied une manifestation avec des amis contre le mur/barrière de 800 kilomètres de long, qui traverse leur village. Il a reçu trois balles, derrière la tête, à la jambe et à l’épaule alors qu’il fuyait les soldats israéliens qui avaient tendu une embuscade à son groupe. Selon des témoins, l’adolescent a été visé alors qu’il s’enfuyait.
Malik Murar, 16 ans, un ami de Samir qui a été témoin de cet homicide, a déclaré à Amnesty International :
«Ils lui ont d’abord tiré dans la jambe, mais il a réussi à fuir… Jusqu’où peut courir un adolescent blessé ? Ils auraient pu facilement l’arrêter… mais ils ont préféré lui tirer à balles réelles dans le dos.»
Amnesty International estime qu’il peut s’agir d’une exécution extrajudiciaire ou d’un homicide délibéré, considéré comme un crime de guerre au regard du droit international.