Les défenseurs des droits humains doivent accéder à Gaza pour enquêter sur les allégations de crimes de guerre © EPA OLIVER WEIKEN
Les défenseurs des droits humains doivent accéder à Gaza pour enquêter sur les allégations de crimes de guerre © EPA OLIVER WEIKEN

Israël/Gaza Les groupes de défense des droits humains doivent avoir accès à Gaza

20 août 2014
«Les autorités israéliennes ont selon toute apparence employé à notre égard des ruses bureaucratiques pour ce qui est de l'accès à Gaza, en le faisant dépendre de critères totalement déraisonnables alors même que le décompte des morts ne cesse d'augmenter», a déclaré Anne FitzGerald, directrice de la recherche et de la réaction aux crises chez Amnesty International.

Israël doit autoriser sans délai l’accès à Gaza d’Amnesty International, de Human Rights Watch et des autres organisations internationales de défense des droits humains pour qu’elles puissent enquêter sur les allégations de graves violations au droit international humanitaire de la part de toutes les parties au conflit, ont déclaré le mercredi 20 août 2014 Amnesty International et Human Rights Watch.

Ne pas entraver les recherches indépendantes

«Les victimes et le grand public ont le droit de savoir ce qui s’est passé au cours des hostilités, ce qui impose aux autorités israéliennes de conférer à leurs actions une transparence totale et de ne pas entraver les recherches indépendantes et impartiales sur les violations présumées.»

Depuis le 8 juillet 2014, début de l'opération militaire menée par Israël à Gaza sous le nom de code de Bordure protectrice, les autorités israéliennes ont repoussé les nombreuses démarches faites par Amnesty International et Human Rights Watch pour entrer à Gaza par le point de passage d'Erez, contrôlé par Israël. Les deux groupes ont également cherché à obtenir un accès de la part des autorités égyptiennes, qui ne l'ont pas accordé à ce jour.

Enquêtes urgentes sur les crimes de guerre
«Un temps précieux a déjà été perdu, et il est indispensable que les organisations de défense des droits humains puissent maintenant entrer dans la bande de Gaza pour entreprendre la tâche vitale qui consiste à vérifier les allégations de crimes de guerre».

«Si Israël est sûr de lui lorsqu'il impute au Hamas la responsabilité des morts parmi la population civile de Gaza, pourquoi empêche-t-il les organisations de défense des droits humains de mener des enquêtes sur place ?», a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient. «Les arguments présentés par l'une des parties au conflit ne peuvent constituer une preuve que des attaques ont enfreint les lois de la guerre, mais des enquêtes sur le terrain permettraient d'établir ce point.»

Passage d'Erez fermés aux défenseurs des droits humains

Depuis le 7 juillet, le Secrétariat international d'Amnesty International a adressé à trois reprises à l'administration civile israélienne (qui dépend du ministère de la Défense) une demande d'autorisation d'entrée à Gaza par le point de passage d'Erez. À chaque fois, l'administration civile a répondu qu'elle ne pouvait pas traiter cette demande et que le point de passage d'Erez était fermé. Des journalistes, des membres du personnel des Nations unies, des travailleurs humanitaires et d'autres personnes munies de permis ont pu franchir ce point de passage dans les deux sens au cours de cette période.

Human Rights Watch a vu l'administration civile répondre de façon similaire à sa demande d'autorisation d'entrée à Gaza depuis l'escalade récente des hostilités. Les autorités israéliennes au point de passage d'Erez ont déclaré par ailleurs que Human Rights Watch ne pouvait bénéficier de permis d'entrée à Gaza car ce n'était pas une organisation enregistrée. Ces autorités ont pourtant reconnu qu'elles avaient la latitude de faire une exception. Le 17 août 2014, Human Rights Watch a demandé qu'une telle exception soit faite dans les plus brefs délais.  Avant 2006, les autorités israéliennes ont autorisé à plusieurs reprises Human Rights Watch à entrer dans Gaza, sans exiger que ce groupe se fasse enregistrer ou sollicite une exception.

Eviter de nouvelles violations

Le gouvernement israélien doit autoriser la vérification indépendante de toutes les allégations de crimes de guerre et d'autres violations, afin que les victimes puissent obtenir justice. Une surveillance active exercée sur le terrain par des défenseurs des droits humains peut également permettre d'éviter que de nouvelles atteintes aux droits soient commises par les différentes forces en présence. Le refus d'accorder l'accès aux organisations internationales de défense des droits humains peut faire croire à une indifférence à l'égard du droit de rechercher, de recevoir et de diffuser les informations.

Les autorités israéliennes ont laissé entrer Human Rights Watch à Gaza par le point de passage d'Erez en 2006, et Amnesty International à l'été 2012, pour la dernière fois.

Enregistrement impossible

Depuis ces deux dates, Amnesty International et Human Rights Watch ont reçu à plusieurs reprises l'injonction de se faire enregistrer auprès du ministère des Affaires étrangères d'Israël, qui n'enregistre que les diplomates et le personnel de l'ONU, ou auprès du ministère des Affaires sociales. L'enregistrement auprès du ministère des Affaires sociales est une possibilité offerte aux organisations à but humanitaire et de développement ayant des bureaux en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, mais il est pratiquement impossible pour Amnesty International et Human Rights Watch, organisations internationales de défense des droits humains, de remplir les conditions requises pour l'enregistrement.