Le complexe de la mosquée al Aqsa est régulièrement au cœur de tensions. Sur la photo, des fidèles empêché·e·s d'accéder au site prient dans les rues adjacentes le 9 octobre 2015. En juillet 2017, des prières collectives dans la rue ont également eu lieu aux alentours de la mosquée en protestation contre les nouvelles mesures de sécurité imposées par le gouvernement israélien sur le site. © Jacob Burns/Amnesty International
Le complexe de la mosquée al Aqsa est régulièrement au cœur de tensions. Sur la photo, des fidèles empêché·e·s d'accéder au site prient dans les rues adjacentes le 9 octobre 2015. En juillet 2017, des prières collectives dans la rue ont également eu lieu aux alentours de la mosquée en protestation contre les nouvelles mesures de sécurité imposées par le gouvernement israélien sur le site. © Jacob Burns/Amnesty International

Israël Les forces de sécurité s’en prennent à une foule pacifique sur un lieu saint de Jérusalem

27 juillet 2017
Jeudi 27 juillet dans l’après-midi, les forces israéliennes ont attaqué des Palestiniens rassemblés pacifiquement à la mosquée al Aqsa, à Jérusalem, pour la première fois depuis qu’Israël a levé les mesures de sécurité imposées récemment sur ce site, selon des membres du personnel d’Amnesty International présents sur place.

«Les forces israéliennes ont commencé à tirer des grenades étourdissantes, du gaz lacrymogène et des balles à pointe mousse sur la foule pacifique qui se trouvait à l’entrée et à l’intérieur du complexe de la mosquée al Aqsa. Cette attaque était visiblement injustifiée. Certains Palestiniens ont répliqué en lançant des bouteilles d’eau vides. D’autres ont commencé à jeter des pierres, a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International.

Plus de mille manifestant·e·s blessé·e·s depuis le début des troubles

«Recourir à la force de manière excessive et inutile pour disperser un rassemblement pacifique constitue une violation manifeste de l’obligation qui incombe à Israël de faire respecter le droit de réunion pacifique des Palestiniens. Il est urgent que les autorités israéliennes fassent le nécessaire pour contenir leurs forces de sécurité, afin d’éviter que la situation dégénère et de prévenir un nouveau bain de sang.»

«Il est urgent que les autorités israéliennes fassent le nécessaire pour contenir leurs forces de sécurité, afin d’éviter que la situation dégénère et de prévenir un nouveau bain de sang.»
- Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International

Selon la Société du Croissant-Rouge palestinien, au moins 96 Palestiniens ont été blessés dans la mosquée et aux alentours le 27 juillet. Ces événements ont eu lieu peu après la levée des mesures de sécurité imposées au courant du mois de juillet sur le site de la mosquée al Aqsa, à Jérusalem. Ces mesures - installation de détecteurs de métaux et fouille des fidèles - avaient déclenché une escalade des tensions à Jérusalem et en Cisjordanie. Depuis le début des troubles, les forces israéliennes ont tué quatre civils palestiniens et en ont blessé plus de 1090 lors de manifestations et d’affrontements en Cisjordanie, y compris à Jérusalem.

Descentes violentes de l'armée israélienne dans un hôpital palestinien

Dans ce contexte tendu, des soldats et des policiers israéliens ont fait irruption dans l'hôpital palestinien al Makassed à deux reprises, les 17 et 21 juillet, terrorisant le personnel et les patients et, dans certains cas, empêchant des médecins de prodiguer des soins urgents à des patients grièvement blessés.

Le docteur Bassam Abu Libdeh, directeur médical d’al Makassed, a déclaré que, depuis le début des manifestations et des affrontements liés, l’hôpital recevait régulièrement des patients qui avaient été intoxiqués par du gaz lacrymogène, frappés ou blessés par des balles en caoutchouc. Il a raconté que, le 17 juillet, des soldats avaient poursuivi un jeune homme de 19 ans habitant le quartier de Silwan, qui saignait abondamment à la suite d’une blessure par balle à la cuisse ayant touché une artère, dans l’hôpital comme des «chiens affamés courant après leur proie».

«Ils ont pourchassé le jeune blessé, qui avait été conduit au bloc opératoire, lorsque plusieurs médecins sont intervenus pour les arrêter.»
- Docteur Bassam Abu Libdeh, directeur médical de l'hôpital al Makassed

«Ils avaient de longues armes et des grenades assourdissantes, et bousculaient les gens agressivement pour passer. Ils ont pourchassé le jeune blessé, qui avait été conduit au bloc opératoire, lorsque plusieurs médecins sont intervenus pour les arrêter [...]. D’autres ont alors commencé à parcourir l’hôpital et à harceler toutes les personnes qu’ils croisaient, les employés, les infirmières, les médecins, les patients. Il y a des enfants dans l’hôpital, des personnes âgées. Ce n’est pas acceptable... Pourquoi voulaient-ils arrêter ce gamin ? Il se vidait de son sang et se trouvait dans un état critique, il ne risquait d’aller nulle part», a-t-il déclaré.

Au sujet de la deuxième descente, le responsable de l’accueil de l’hôpital, Talal al Sayed, qui y travaille depuis 10 ans, a affirmé que le personnel s’était habitué aux descentes des forces israéliennes au fil des années mais que les événements du 21 juillet «dépassaient tout ce qu’ils avaient jamais vu». Il a décrit comment environ 200 soldats lourdement armés avaient cerné l’hôpital et forcé l’entrée, en arrêtant des personnes sur leur passage et en utilisant du gaz lacrymogène. Ils pourchassaient un jeune homme présentant une importante blessure par balle à la poitrine qui était dans un état critique et l’ont suivi jusqu’au bloc opératoire.

«Ils ont envahi tout l’hôpital [...]. Ils sont même entrés dans le service de néonatologie... Que cherchaient-ils là-dedans ? Ils ne faisaient que terroriser les patients», a-t-il déclaré. Selon lui, des soldats ont bousculé et frappé un médecin qui tentait de soigner le jeune homme blessé dans le bloc opératoire. Ce dernier, Mohammad Abu Ghannam, a succombé à ses blessures dans la confusion.