Le pilonnage de la bande de Gaza par l'artillerie israélienne met également en danger la vie des otages retenus par les groupes armés palestiniens. ©REUTERS/Mohammed Salem
Le pilonnage de la bande de Gaza par l'artillerie israélienne met également en danger la vie des otages retenus par les groupes armés palestiniens. ©REUTERS/Mohammed Salem

Israël / Territoires palestiniens occupés Les otages retenus dans la bande de Gaza doivent être libérés

Communiqué de presse du 7 novembre 2023, Londres, Berne – Contact du service de presse
Amnesty International demande une nouvelle fois la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages – dont des enfants – détenus dans la bande de Gaza occupée depuis un mois après avoir été enlevés par le Hamas et d'autres groupes armés le 7 octobre.

Ces derniers jours, des milliers de personnes sont descendues dans les rues d'Israël pour critiquer la réaction du gouvernement israélien et exiger que leurs proches soient ramenés à la maison. La semaine dernière, une vidéo diffusée par les Brigades Al Qassam – la branche militaire du Hamas – circulant sur Internet, montrait trois otages civils détenus à Gaza adressant un message au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. L'enregistrement et la diffusion publique de témoignages d'otages constituent un traitement inhumain et dégradant.

«La prise d'otages et l'enlèvement de civils sont interdits par le droit international et constituent des crimes de guerre. Les otages doivent être traités avec humanité et conformément au droit international, et non pas exhibés dans des vidéos en ligne ou contraints de faire des déclarations», a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International.

«La prise d'otages et l'enlèvement de civils sont interdits par le droit international et constituent des crimes de guerre.»
Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International

«Au lieu d'utiliser des otages civils en détresse pour marquer des points politiques, le Hamas devrait les libérer immédiatement et sans condition. A minima, il doit permettre à des observateurs indépendants de rendre immédiatement visite aux otages afin de s'assurer de leur bien-être et de faciliter la communication avec leurs familles.»

Les autorités israéliennes ont déclaré qu'au moins 240 otages civils et militaires étaient toujours détenus à Gaza, mais elles n'ont pas indiqué la proportion de civils et de militaires. Parmi les otages figurent 33 enfants, des personnes âgées, des étrangers ou des personnes ayant la double nationalité, ainsi que des soldats israéliens. Quatre otages civils, toutes des femmes, ont été libérés par le Hamas jusqu'à présent : deux le 20 octobre, toutes deux citoyennes étasuniennes, et deux le 24 octobre.

Un cessez-le-feu indispensable

Alors que le siège brutal et les bombardements incessants d'Israël sur Gaza se poursuivent et que le nombre de civils tués ne cesse d'augmenter, Amnesty International réitère son appel à un cessez-le-feu immédiat, à la protection de tous les civils. L’organisation demande en outre que l'accès à l'aide vitale soit garanti à Gaza dans le contexte de la catastrophe humanitaire actuelle.

«Les bombardements incessants d'Israël sur Gaza mettent également en danger les civils retenus en otage.»
Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International

«Les bombardements incessants d'Israël sur Gaza, notamment par des attaques illégales et aveugles, ont tué plus de 10 000 Palestiniens, dont 4 200 enfants, selon le ministère palestinien de la Santé. Ils mettent également en danger les civils retenus en otage à Gaza et ignorent les appels des familles israéliennes à donner la priorité au bien-être des otages lors des opérations militaires israéliennes», a déclaré Agnès Callamard.

Ella Ben Ami, dont les parents Raz et Ohad Ben Ami ont été enlevés à Be'eri lors de l'attaque du 7 octobre, fait partie des personnes qui se sont jointes aux récentes manifestations en Israël. Elle a expliqué à Amnesty International que sa mère était malade et souffrait de lésions au cerveau et à la colonne vertébrale.

«Cela fait 30 jours, un mois, que mes parents ont été enlevés chez eux. Je n'ai aucune information sur leur situation, ce qui rend mon travail quotidien très difficile. Nous manifestons pour attirer l'attention sur les otages et exiger qu'on s'occupe d'eux, mais aussi pour faire pression afin qu'ils soient libérés. Je demande à mon gouvernement et à tous les dirigeants du monde de nous aider. Nous voulons revoir nos parents vivants. Tant que ma mère ne recevra pas les médicaments dont elle a besoin pour sa maladie, nous craignons qu'elle ne survive pas, nous n’avons pas de temps à perdre.»    

Yonatan Zeigen, dont la mère de 74 ans, Vivian Silver, militante pacifiste et ancienne membre du conseil d'administration de l'organisation israélienne de défense des droits humains B'Tselem, a été enlevée dans le kibboutz de Be'eri, dans le sud d'Israël, le 7 octobre, a déclaré à Amnesty International : «Je ressens de la tristesse et de la douleur pour ma mère, pour tous les otages, pour nos communautés et pour le peuple palestinien. Je pense qu'il s'agit d'une prise de conscience de l'incapacité des deux parties à parvenir à la paix depuis si longtemps. J'appelle à un cessez-le-feu et à la libération de tous les otages, comme première étape sur la voie d'une solution globale pour la région, avec une implication internationale prolongée. La sécurité ne peut être assurée que par la paix.»

Pour un traitement humain des otages civils et militaires

Les conventions de Genève, leurs protocoles additionnels et le droit international humanitaire coutumier interdisent la prise d'otages, qui est considérée comme un crime de guerre. Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale définit ce crime comme la saisie ou la détention d'une personne (l'otage), associée à la menace de tuer, de blesser ou de continuer à détenir l'otage afin de contraindre un tiers à agir ou à s'abstenir d'agir en tant que condition explicite ou implicite de la sécurité ou de la libération de l'otage.

Amnesty exhorte le Hamas et les autres groupes armés à traiter toutes les personnes retenues en captivité, y compris les soldats israéliens, avec humanité et conformément au droit international humanitaire. Tous les otages doivent avoir accès au Comité international de la Croix-Rouge et être autorisés à communiquer avec leurs familles. Ceux qui sont blessés ou malades doivent recevoir des soins médicaux.  

Le Hamas et les autres groupes armés doivent également veiller à ce que les otages et autres captifs soient gardés dans des lieux éloignés des objectifs militaires et qui minimisent le risque qu'ils soient touchés par des frappes israéliennes. Ils ne doivent en aucun cas être utilisés pour protéger des objectifs militaires contre des attaques.

Contexte

Amnesty International a recueilli des preuves de violations du droit international, y compris de crimes de guerre, commises par toutes les parties au conflit. Depuis les terribles attaques menées par le Hamas et d'autres groupes armés le 7 octobre, outre sa campagne de bombardements dévastatrice, Israël a intensifié son blocus illégal de Gaza, qui dure depuis 16 ans, en coupant l'eau, le carburant et d'autres fournitures vitales, aggravant la crise humanitaire.

Les forces israéliennes ont arrêté plus de 2 000 Palestiniens en Cisjordanie occupée et intensifié leur recours à la torture et à d'autres mauvais traitements à l'encontre des prisonniers palestiniens. Elles ont également refusé à tous les détenus palestiniens, dont le nombre s'élève actuellement à plus de 6 800 personnes, l'accès aux visites familiales ; les détenus condamnés se sont également vu refuser l'accès à leurs avocats. Même le Comité international de la Croix-Rouge s'est vu refuser l'accès aux détenus palestiniens classés par Israël comme « prisonniers de sécurité ». Au cours du mois dernier, quatre prisonniers palestiniens sont morts en détention israélienne dans des conditions qui n'ont pas fait l'objet d'une enquête impartiale. 

Les recherches de l'organisation ont permis de trouver des preuves de crimes de guerre commis par les forces israéliennes, notamment des attaques aveugles lors du bombardement de Gaza, qui ont réduit des bâtiments résidentiels en ruines, rasé des quartiers entiers et exterminé des familles entières.

Amnesty International a également recueilli des informations sur la manière dont le Hamas et d'autres groupes armés ont lancé le 7 octobre des tirs de roquettes aveugles sur Israël et dont leurs combattants ont sommairement tué et enlevé des civils. Selon les autorités israéliennes, au moins 1 400 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées lors de ces attaques. Les civils en Israël continuent d'être attaqués par des tirs de roquettes aveugles du Hamas et d'autres groupes armés.