Panneaux avec des otages et des porté-disparus lors d'une manifestation à Tel Aviv le 11 novembre. La grande pancarte au centre représente Shani Gabai, qui était toujours portée disparue à ce moment-là. Onze jours après la prise de cette photo, il a été annoncé qu'elle avait été identifiée comme l'une des personnes tuées lors du Nova Music Festival. © Gil Naveh/ Amnesty International Israël© Gil Naveh/ Amnesty International Israel
Panneaux avec des otages et des porté-disparus lors d'une manifestation à Tel Aviv le 11 novembre. La grande pancarte au centre représente Shani Gabai, qui était toujours portée disparue à ce moment-là. Onze jours après la prise de cette photo, il a été annoncé qu'elle avait été identifiée comme l'une des personnes tuées lors du Nova Music Festival. © Gil Naveh/ Amnesty International Israël

Israël / TPO Le Hamas doit libérer immédiatement les otages

Communiqué de presse publié le 12 juillet 2024, Londres - Genève. Contact du service de presse
Le Hamas et les autres groupes armés doivent libérer immédiatement et sans condition tous les civil·e·s retenu·e·s en otage dans la bande de Gaza occupée depuis le 7 octobre.

Ces dernières semaines, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues d'Israël pour demander aux autorités d'accepter un accord de cessez-le-feu et de négocier la libération des otages. Des familles d'otages ont défilé de Tel Aviv à Jérusalem pour demander la libération de leurs proches et exiger du gouvernement israélien qu'il accepte un accord de cessez-le-feu à l'occasion de la reprise des négociations cette semaine.

On estime à 116 le nombre de personnes retenues en otage ou en captivité par le Hamas et d'autres groupes armés à Gaza depuis le 7 octobre, auxquelles il faut en ajouter 43 dont la mort a été confirmée par les autorités israéliennes. Au moins 79 des personnes retenues en captivité seraient des civils. Selon le Forum des familles d'otages et de portés-disparus en Israël, 33 otages avaient donné des signes de vie au 18 mai. Pendant toute la durée de leur captivité, les otages se sont vu refuser la visite d’observateurs indépendants, dont le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), pour évaluer leur état de santé ou leurs conditions de détention.

« La prise d'otages est un crime de guerre. [...] Rien ne peut justifier qu'on leur inflige, ainsi qu'à leurs familles, un tel traumatisme et un tel niveau d’anxiété. », Erika Guevara-Rosas, directrice principale du programme Recherche, plaidoyer, politique et campagnes d'Amnesty International

« La prise d'otages est un crime de guerre. Les personnes encore en vie ont été retenues en otage pendant plus de neuf mois, loin de leurs proches. Rien ne peut justifier qu'on leur inflige, ainsi qu'à leurs familles, un tel traumatisme et un tel niveau d’anxiété », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice principale du programme Recherche, plaidoyer, politique et campagnes d'Amnesty International. 

« Depuis le mois d'octobre, Amnesty International n'a cessé de demander au Hamas et aux autres groupes armés de libérer immédiatement et sans condition tous les otages civils. Toutes les personnes retenues en captivité doivent être traitées avec humanité et protégées contre la torture et les autres mauvais traitements, et avoir accès au CICR, conformément au droit international. Les malades et les personnes blessées doivent recevoir des soins médicaux. »

Malgré l'adoption, le 10 juin, d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies appelant à un cessez-le-feu immédiat par toutes les parties, les négociations sur un éventuel accord de libération d'autres otages israélien·ne·s et de détenu·e·s palestinien·ne·s n'ont jusqu'à présent abouti à aucun résultat positif.

Les bombardements incessants et les opérations terrestres d'Israël à Gaza ne cessent d'accroître les dangers pour les civils, qu'il s'agisse de Palestinien·ne·s ou d'otages.

« L'assaut brutal d'Israël contre Gaza a entraîné la mort de plus de 38'000 Palestinien·ne·s, provoquant l'une des pires catastrophes humanitaires que le monde ait connues. La crise actuelle continue également de mettre en danger la vie des otages israélien·ne·s à Gaza », a déclaré Erika Guevara-Rosas. 

Victimes civiles colatérales

Il y a eu plusieurs incidents au cours desquels le Hamas et d'autres groupes armés ont pris des otages dans des immeubles résidentiels situés dans des zones civiles très fréquentées, mettant ainsi en danger la vie des civils à Gaza et violant leur obligation de prendre toutes les précautions possibles pour protéger la population sous leur contrôle des effets des attaques.

Une opération meurtrière menée par les forces israéliennes dans le camp de réfugiés d'al-Nuseirat pour libérer quatre otages le 8 juin a entraîné la mort de plus de 270 Palestinien·ne·s, selon le Ministère palestinien de la Santé. Lors d'une opération de sauvetage antérieure visant à libérer deux otages détenus à Rafah le 12 février, une centaine de personnes ont été tuées.

Torture et mauvais traitements

Des vidéos vérifiées par Amnesty International montrent que certain·e·s otages ont été maltraité·e·s pendant leur captivité.

Des vidéos vérifiées par Amnesty International montrent que certain·e·s otages ont été maltraité·e·s pendant leur captivité. Hersh Goldberg-Polin avait été pris en otage près du site de la fête de Nova. Des vidéos vérifiées montrent des combattants du Hamas en train de le mettre dans un camion et de le conduire avec d'autres vers Gaza, alors que son bras gauche est fraîchement sectionné au-dessous du coude et saigne abondamment.

Les otages ont été détenu·e·s dans des conditions désastreuses, et l'on craint que certain·e·s aient été soumis à la torture et à d'autres formes d'abus en captivité. Selon des professionnel·le·s de la santé israélien·ne·s, les otages renvoyé·e·s ont subi des violences physiques et psychologiques à Gaza. Iels ont également indiqué que des otages avaient été battu·e·s, forcé·e·s d'assister ou de participer à des actes de violence, soumi·e·s à des violences sexuelles, y compris la nudité forcée et l'agression sexuelle, confiné·e·s dans l'isolement ou l'obscurité totale, et privé·e·s de leurs besoins fondamentaux, notamment de nourriture et de sommeil. Les otages libéré·e·s ont également déclaré que, dans certains cas, les membres de leur famille étaient intentionnellement séparé·e·s les un·e·s des autres.

Amit Soussana a été enlevée dans le kibboutz Kfar Azza et libérée en novembre 2023. Elle raconte dans un enregistrement diffusé par les médias qu'elle avait été enchaînée pendant trois semaines lorsqu’elle était détenue à Gaza. L'homme qui la gardait entrait dans sa chambre, s'asseyait sur son lit et lui posait des questions à charactère sexuel et qu'à une occasion, il l'avait forcée à se livrer à un acte sexuel sous la menace d'une arme.

Certaines familles d'otages avec lesquelles Amnesty International s'est entretenue ont indiqué qu'elles n'avaient reçu aucune information sur leurs proches disparu·e·s depuis près de neuf mois.

« Ce sont des êtres humains qui se trouvent de l'autre côté et je les considère comme des victimes du cycle de la violence, tout comme Carmel et ma famille... » Gil Dickman, cousin d’une otage israélienne

La tante de Gil Dickman, Kineret Gat, a été tuée au kibboutz Be'eri lors de l'attaque du 7 octobre. Ses deux cousines Carmel et Yarden Roman-Gat ont été prises en otage. Yarden Roman-Gat a été libérée en novembre 2023. Carmel Roman-Gat, 40 ans, est toujours détenue à Gaza. Gil Dickman craint pour son bien-être physique et mental et a exprimé son manque de confiance dans les efforts déployés par l'État pour restituer les otages. « Nos vies se sont complètement arrêtées, quelque chose de nouveau a commencé, un film d'horreur dont le point de départ est une grande impuissance », a-t-il déclaré, ajoutant qu'il n'était pas encore en mesure d'absorber la douleur ou de faire son deuil. « Nous ne pouvons pas faire cela parce que la chose la plus urgente est de lutter pour la vie de celles et ceux qui peuvent encore être sauvés – sachant qu'à tout moment nous pourrions recevoir l'horrible nouvelle. »

Il a ajouté que le fait d'être témoin de la destruction subie par les Palestinien·ne·s à Gaza le mettait « très mal à l'aise » : « Ce sont des êtres humains qui se trouvent de l'autre côté et je les considère comme des victimes du cycle de la violence, tout comme Carmel et ma famille... La terreur et la violence finissent par blesser les personnes qui souhaitent vivre une vie paisible. »

« Un cessez-le-feu immédiat et durable de la part de toutes les parties est le seul moyen efficace de mettre fin à la catastrophe humanitaire, à la mort et à la destruction dont nous avons été témoins au cours des neuf derniers mois. Mais qu'un accord soit conclu ou non, le Hamas et les autres groupes armés doivent veiller à ce que tous les otages civil·e·s soient immédiatement libéré·e·s. Israël doit de son côté faciliter l'entrée et la distribution sans entrave de nourriture, de médicaments et d'autres biens essentiels à Gaza », a déclaré Erika Guevara Rosas.