L'armée et les services de renseignement soutirent par la force des "aveux" à leurs prisonniers.  © AI
L'armée et les services de renseignement soutirent par la force des "aveux" à leurs prisonniers. © AI

Liban Un mort en détention et des prisonniers torturés

9 juillet 2013
Les autorités libanaises doivent mener une enquête approfondie sur la mort en détention de Nader al Bayoumi, 35 ans, arrêté à la suite des affrontements armés qui ont opposé au mois de juin l’armée libanaise à des combattants soutenant le chef religieux sunnite Sheikh Ahmed al Assir à Saïda, dans le sud du Liban, a indiqué Amnesty International.

Dans une nouvelle synthèse publiée mardi 9 juillet, l’organisation rend également compte des allégations de torture et de mauvais traitements formulées par d’autres personnes arrêtées – dont un mineur. Amnesty International a pu voir des images du corps de Nader al Bayoumi, qui portait les traces de sévices horribles.  Un médecin légiste qui a examiné ces images a conclu que les contusions sur son corps concordaient avec des coups et blessures et laissaient à penser que la cause possible du décès était une hémorragie interne.

«Les zones d’ombre qui entourent la mort de Nader al Bayoumi, dont le corps a été restitué trois jours après son arrestation, sont inacceptables. Il est crucial que soit menée sans délai une enquête indépendante et transparente sur son décès», a indiqué Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

Des aveux obtenus sous la torture

L’organisation a également recueilli les témoignages d’au moins trois détenus qui ont expliqué avoir été torturés par l’armée et les services de renseignements libanais. L’un d’entre eux, âgé de 15 ans, a raconté avoir subi des décharges électriques et avoir été frappé à coups de ceinture et de bâton, avant d’être contraint de signer de faux «aveux». «Ces allégations de torture sont alarmantes; tous les détenus doivent être protégés, avoir la possibilité de consulter un avocat et bénéficier de tous les soins médicaux dont ils pourraient avoir besoin», a estimé Philip Luther.

Vide juridique

Deux autres hommes, âgés de 22 et 23 ans, ont été arrêtés à des postes de contrôle de l’armée avant de subir des violences en détention. L’un d’eux a raconté qu’il avait été frappé par des soldats et que l’un d’entre eux avait écrasé sa cigarette dans le bas de son dos, avant qu’un autre ne lui piétine le visage. Plus tard, ils lui ont comprimé la tête entre un mur et une armoire métallique.

Après avoir été torturés, deux des détenus ont été contraints de signer des déclarations qu’ils n’avaient pas été autorisés à lire. Aucun n’a comparu devant un tribunal, n’a bénéficié de l’assistance d’un avocat ni n’a été autorisé à contacter sa famille. Ces trois hommes ont par la suite été relâchés.