Abd al Salam al Mismari a reçu une balle en plein cœur tirée par un individu depuis un véhicule stationné devant la mosquée Abu Ghoula, dans le quartier de Birka de Benghazi. Il est décédé avant d’arriver à l’hôpital. Il avait participé à la création de la Coalition du 17 février, un mouvement d’opposition à Benghazi, lors du soulèvement qui a entraîné la chute du colonel Kadhafi. Au cours des derniers mois, il avait critiqué ouvertement les Frères musulmans et participé activement à l’organisation de manifestations pacifiques demandant l’instauration de l’état de droit.
Amnesty International s’inquiète de ce que, à ce jour, les autorités n’aient pas mené d’enquêtes sur une série d’homicides à caractère politique commis depuis 2011. Si la Libye ne garantissait pas la justice dans cette affaire, elle créerait un précédent dangereux, susceptible d’avoir un effet dévastateur sur l’action vitale menée par la société civile libyenne. Une inertie de leur part créerait une atmosphère d’impunité et de non-droit, et laisserait la porte ouverte à d’autres attaques.
Deux jours après le meurtre d’Abd al Salam al Mismari, deux attentats à l’explosif coordonnés ont eu lieu dans le nord de Benghazi, infligeant de lourds dégâts à un tribunal, aux locaux du ministère public et aux bureaux du ministère de la Justice installés dans la ville. Perpétrés dimanche 28 juillet, dans la soirée, ces attentats ont fait 43 blessés d’après le ministère de la Santé. Quelques jours auparavant, le 23 juillet, une explosion s’était produite devant l’enceinte d’un tribunal de Syrte, entraînant la destruction partielle du bâtiment.
Amnesty International salue l’engagement pris publiquement par le gouvernement d’enquêter sur l’homicide d’Abd al Salam al Mismari et de traduire en justice ses auteurs. Elles doivent toutefois doubler leurs promesses d’actions dans ce sens, en veillant à ce que les enquêteurs disposent des prérogatives, des compétences et des ressources nécessaires. Par ailleurs, elles doivent protéger les défenseurs des droits humains et les militants politiques qui sont de plus en plus souvent la cible de manœuvres d’intimidation.