Affiche à Benghazi "Oui à un pays de droit et d'institutions" © Amnesty International
Affiche à Benghazi "Oui à un pays de droit et d'institutions" © Amnesty International

Libye L’escalade des violences menace les civils

9 avril 2019
Les craintes de nouvelles pertes civiles liées à l’escalade des affrontements aux abords de Tripoli entre les forces de l’Armée nationale libyenne autoproclamée, dirigées par le maréchal Khalifa Haftar, et les milices alliées au gouvernement libyen d’union nationale reconnu par la communauté internationale ne cessent de croître. La population a besoin de protection.

D’après le ministère de la Santé, siégeant à Tripoli, au moins 25 personnes ont été tuées et 80 blessées depuis le début de l’offensive lancée le 4 avril par le maréchal Haftar pour prendre le contrôle de la capitale libyenne. Au moins quatre civils figurent parmi les personnes tuées, dont deux travailleurs médicaux, selon l’ONU.

«L’escalade des violences aux abords de Tripoli est extrêmement inquiétante – il est à craindre que le nombre de civils tués n’augmente rapidement étant donné que les combats s’intensifient et gagnent des zones plus densément peuplées, a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

«Toutes les parties au conflit ont l’obligation de protéger les civils en vertu du droit international humanitaire. Elles doivent distinguer les civils des combattants en toutes circonstances, et il est absolument interdit de prendre pour cible des civils, des travailleurs médicaux et des structures de soins.» Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International

«Toutes les parties au conflit ont l’obligation de protéger les civils en vertu du droit international humanitaire. Elles doivent distinguer les civils des combattants en toutes circonstances, et il est absolument interdit de prendre pour cible des civils, des travailleurs médicaux et des structures de soins. Les armes explosives à large rayon d’impact, comme les obus d’artillerie et de mortier, ne doivent jamais être utilisées à proximité de zones à forte concentration de civils.»

Les droits humains bafoués

L’Armée nationale libyenne autoproclamée et les milices alliées au gouvernement dans l’ouest de la Libye ont toutes un bilan affligeant en matière de droits humains et sont connues pour leurs violations flagrantes du droit international et leurs crimes de guerre, notamment les attaques aveugles et directes contre des civils et des biens de caractère civil, les enlèvements, les actes de torture et les exécutions extrajudiciaires.

Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, on voit des combattants utiliser un lance-roquettes multiple (LRM), qui tire des roquettes non téléguidées et imprécises et ne doit pas être employé dans des zones civiles densément peuplées, en raison du risque élevé de tuer ou de blesser des civils. Les vols au départ de l’aéroport de Mitiga ont été suspendus après une attaque aérienne de l’Armée nationale libyenne.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations, environ 2 800 personnes ont été déplacées par les affrontements jusqu’à présent, et dans certaines zones, les civils n’ont pas pu partir à cause de l’intensité des combats. Beaucoup sont privés d’accès aux services d’urgence. Les appels à une trêve pour évacuer les blessés et les civils dans certaines zones ont été ignorés.

«Tous les civils qui souhaitent quitter les lieux doivent pouvoir le faire librement sans être attaqués», a déclaré Magdalena Mughrabi.

Migrants détenus dans des conditions inhumaines

Certains affrontements ont lieu également à proximité des centres de rétention des services de l’immigration à Qasr Ben Gashir et Ain Zara, où quelque 1 300 personnes réfugiées et migrantes sont actuellement détenues.

«Les réfugiés et les migrants détenus en Libye sont déjà extrêmement vulnérable et subissent de terribles violations des droits humains aux mains des autorités et des passeurs. Les motifs de préoccupation quant à leur sécurité et leur situation humanitaire si les combats s’intensifient sont bien réels, alors que des informations font état de personnes laissées enfermées sans eau ni nourriture, dans des conditions inhumaines», rappelle Magdalena Mughrabi.